La fertilité musicale du nord de l'Angleterre, Liverpool / Manchester / Leeds, n'est pas sans reste et continue d'en écrire son histoire. Originaire de Leeds, Menace Beach livre ici leur premier album, Ratworld sous le label londonien Memphis Industries. On s'inquiétait d'une attente feignant de tourner au buzz à l'image de Palma Violets d'il y a deux ans, mais l'enthousiasme a su rester prudent pour garder toute l'ambition au chaud suite à un EP très remarqué.

Tout comme semble le raconter le visuel de l'album, Menace Beach ne va pas se conforter dans une musique propre et lisse, exit belles nappes immaculées et raffinées, place au son brut et saturé. C'est dans un rock noisy que Ryan Needham et Liza Violet, membres fondateurs, s'échangent les chants qui se veulent batailleurs mais élaborés et ce duo vocal fonctionne plutôt bien.

Les années 90 sont là, plus précisément le début des 90's, sous influence Sonic Youth et Dinosaur Jr. Place aux guitares, celles qui font du fuzz un son unique et électrifiant l'atmosphère d'un rock noisy, mais qu'on ne s'y trompe pas, les guitares saturées ne sont pas là juste pour faire du bruit, mélodies aux accents franchement outre-Atlantique cette fois-ci.

Pour me faire un peu mentir, les claviers ont tout de même trouvé une petite place, plutôt discretement, mais assez efficaces notamment sur "Fortune Teller". "Lowtalking", loin d'être lente et reposante, se trouve être la plus oppressante avec un rythme effréné au son assourdissant. Un peu plus loin, "Blue Eye" est quant à lui un morceau frôlant le shoegaze, tout en finesse, sur la voix de Liza Violet, parvenant à nous y faire appréhender une sensibilité indécelable auparavant, renouvelant l'oreille qu'on pourrait prêter à Ratworld.

Découvert pêchu, révélé sincère, même si un rien d'encore inexploité pourrait apporter une pièce essentielle à un avenir bienveillant, Menace Beach croise les chemins de deux époques et continents en manoeuvrant un authentique rock noisy.