Spectacle théâtro-musical interactif interprété par la Compagnie Les Tistics.
"Les Franglaises" appartient au club très fermé des spectacles que l'on peut aller voir de confiance à moins d'être réfractaire à cinquante ans d'une musique anglo-saxonne que l'on a entendu dans les juke-box, les surprises-partys, les karaokés, les compils de Nostalgie, les ascenseurs, les pubs et aujourd'hui dans toutes les émissions de télé-réalité...
Huit garçons, quatre filles, tous aguerris au chant, à la comédie, à la danse, aux arts du cirque, s'amusent à un petit exercice bien plaisant : chanter en version française littérale ces tubes dont tout le monde murmure deux ou trois mots du refrain sans écouter le reste...
Et pourtant, le jeu en vaut la chandelle, donnant raison à tous les poujadistes tenant de la chanson rive gauche vitupérant les "conneries anglo-saxonnes" : oui, le plus souvent, à l'ère pop-rock, les textes ne sont que des prétextes. Il faut que cela sonne, que ça résonne plus que ça raisonne.
A l'aide d'un bristol contenant les paroles traduites, le Nagui des "Les Franglaises" va donc soumettre des textes au public, à charge pour lui, de découvrir quel tube se cache sous ses mots ineptes ou saugrenus. Ce décalage presque pataphysique entre le fond et la forme donne alors aux Franglaises l'occasion de savoureux pastiches musicaux.
Dans ce voyage en Absurdie, où les "Filles épicées" côtoient Michel Fils-de-Jacques, où les "Scarabées" bourdonnent "Bonjour au revoir" et le groupe "Reine" crie que "Le spectacle doit continuerip", les Franglaises, plus taquines que méchantes, font régner une joyeuse ambiance musicale.
Peut-être pourra-t-on regretter que les chansons ne soient presque jamais reprises intégralement, mais sans doute, est-ce question de droits et de temps car toute cette promenade vocale de Peggy Lee à Madonna est une accumulation vertigineuse de standards qu'on aimerait entendre jusqu'au bout.
Pour éviter une certaine lassitude, les Franglaises alternent leur petit jeu à la Julien Lepers avec des enchaînements parlés plus dans la veine de "sketchs qui mériteraient d'être plus consistants. Car le groupe, comme Sissi, est face à son destin : soit il choisit définitivement d'être du côté des spectacles qui alignent les "hits" des années yéyés, pop, disco, etc..., soit il prend le chemin d'un groupe comme "Chanson plus bifluorée" qui, parti de la parodie, a construit son propre univers musical.
Pour l'instant, avant de penser à l'avenir, place au rythme et à la bonne humeur ! Place aux "Franglaises" ! |