Le crowdfunding a du bon. Par exemple, cet album de Reza aurait probablement eu du mal à exister sans la participation à son financement de quelques dizaines d'internautes (en fait environ 200 ce qui par les temps qui courent est un bel exploit) et d'un label d'un genre nouveau. En effet, Microcultures dont on croise souvent les artistes dans nos colonnes n'est pas seulement un autre site de financement participatif. C'est aussi un vrai label avec un parti pris artistique et un soutien fort aux artistes.
Ainsi donc Tornado a vu le jour chez Microcultures et ce, sous la forme non pas de 10 chansons mais de 10 chansons emballées dans un bien bel objet, original et artisanal.
Le CD est en effet présenté dans un cadre de bois, dans lequel se trouvent également 10 illustrations carrées représentant chaque morceau de Tornado. Illustration réalisée par Mathieu Persan, graphiste à la mode en ce moment puisqu'il illustre également régulièrement les pages de Gonzaï. Ainsi fait le cadre vous permet donc d'exposer dans votre salon et à votre guise l'illustration de votre choix. C'est classe et cela donne un vrai sens à l'objet, oeuvre complète qui apporte beaucoup plus que de simples MP3.
Mais la forme n'est pas tout et si elle est réussie, il faut aussi que l'album en soit digne. Et il l'est largement, rassurez-vous, vous aurez ainsi autant envie de changer à l'envi l'illustration de votre cadre que de vous repasser le disque. Contrairement à son précédent disque, Reza s'est délesté de son groupe complet pour recruter un musicien à tout faire. Tantôt batteur, tantôt guitaristes ou aux commandes de claviers, entre autre, Antoine Pinet n'a pas pour autant vocation à se la jouer Rémy Bricka. C'est d'ailleurs dans cette configuration que le duo part en live, à poil et sans filet. Sur disque, c'est un peu moins à l'os, les arrangements sont classes, on trouve quelques cuivres notamment mais jamais d'orchestration foisonnante et indigeste.
Pourtant, les compositions sont riches et jamais ennuyeuses (même si pour ma part je bloque un peu sur la reprise de Bashung dont la prosodie semble à la peine). Pour le reste, c'est zéro faute et un plaisir assuré et renouvelé pour tout auditeur qui a baigné dans la musique de Leonard Cohen (flagrant sur "My blue scar" notamment) ou des Go-Betweens. La comparaison vaut de prime abord bien entendu pour la voix mais également pour l'univers musical qui est lui aussi inspiré joliment de ceux qui, sans nul doute possible, sont des groupes fondateurs pour Reza.
La production très propre apporte un côté chaleureux aux ballades mélancoliques et le duo légèrement augmenté de quelques instruments çà et là évolue comme un poisson dans l'eau. Une aisance et un naturel qui incite l'auditeur à les rejoindre dans le voyage Tornado qui n'a de la tornade que la beauté sans l'effet dévastateur. Au contraire, on se retrouve face à un album plein d'élégance, apaisé et apaisant.
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