"L’idée, c’est d’être le clown vêtu de couleurs tape-à-l’œil au milieu d’une mer de gris. Et de sentir que personne ne comprend vraiment la blague. Et de se demander s'il existe un ailleurs où tout le monde serait un clown. Un endroit où personne ne vous regarde de travers si vous n’arrêtez pas de vous casser la figure. Ou si votre pantalon ne vous va pas parfaitement. Ou si vos cheveux sont un peu bizarres et que vous ne cessez de dire des choses étranges aux moments les plus inappropriés. Et de rire aux enterrements."
L’ambiance est décrite, le rideau est levé. Suite à cette déclaration, Liz Green présente Haul Away !, son nouvel album aquatique entre piano et mélopées entêtantes.
Elle a une façon bien à elle de réciter les paroles sur les notes. A l’ancienne. Comme faisait Nina Simone, d’une voix profonde et claire, maîtrisant chaque note et chaque accord. Liant les mots les uns aux autres comme une préparation de béchamel qui se détache doucement des parois de la casserole pour former une boule de pâte onctueuse et gourmande.
Une musique un peu poupoupidou, qui donne envie de se verser un verre de bon vin, d’enfiler de longs gants de satin, de mettre du rouge à lèvres et de se trémousser d’une pièce à l’autre (sans faire gaffe à tout ce qui traîne par terre, marcher sur un peti truc pointu, trébucher, en mettre de partout et rigoler).
Entre la comptine et cérémonie, entre amour et désespoir, l’album de Liz Green se plaît à osciller entre les genres, osant souffler le chaud et le froid, osant chanter la tristesse sur des airs joyeux et parler d’amour dans toute sa gloire "style verre à moitié plein". A en juger la pochette, tout est dit dans une seule représentation de l’artiste : le corps rempli de larmes de tristesse ressemble à un océan. Et oui, mais l’océan veut aussi dire nouveaux horizons, ailleurs et voyages au-delà des limites.
Chaque titre est perçu comme une bouteille à la mer, certaines s’échouent lamentablement sur un rocher et se fracassent en mille morceaux inutiles, d’autres rencontrent Gepetto dans un estomac de baleine, et d’autres arrivent à un improbable destinataire (pas forcément illettré). Le lien est créé, la magie commence. Et tout ça avec des touches noires et blanches, plus un inextricable alphabet de croches simples ou doubles, ajouté à une désynchronisation complète des dix doigts de la main. Un art, du style.
Et ce langage tout britannique, faisant friser les o et appuyant les percutantes comme un stylet sur une planche à xylophone. Enjoué, triste, rapide et lent, Haul Away ! est à l’image de son auteure Liz Green : une hydre marine.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.