Il y a des moments surprenants et rares dans l'univers impitoyable de l'industrie musicale, des événements uniques auxquels je n'aurais pas cru pouvoir assister dans ma si courte vie de chroniqueur musical. Et voici que le groupe de Seattle, Rose Windows, me donne l'occasion de participer à l'un de ces improbables instants : je vais vous chroniquer le deuxième album d'un groupe qui est décédé avant même la sortie de leur LP. Oui, vous avez bien lu. Alors que s'ouvrait devant eux cette période - oh combien cruciale dans la vie d'un disque - de la promo, le groupe, par la plume de son guitariste Chris Cheveyo, a annoncé sur sa page Facebook que l'aventure s'arrêtait là. Faut-il le regretter ?
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La guitare électrique entre en scène et dessine un espace gigantesque qui convoque aussi bien les fantômes d'un rock 'n' roll du temps des chevauchées fantastiques, que ceux d'une Seattle toujours aussi fringante. On comprend vite que le blues va dialoguer avec le (gros) rock, le psychédélisme, la pop et la folk music, servis par une tribu de hippies-grunges plus ou moins fréquentables. De l'énergique "Glory, Glory" à l'excellent "Strip Mall Babylon" et son intro magique, en passant par le rock intemporel de "Blind", la ballade évanescente ("A pleasure to burn") ou le blues gras de "The old crow", la bande navigue avec intelligence dans des compositions très bien construites où rien n'est jamais linéaire, où la flûte traversière peut faire écho aux guitares saturées et où le silence trouve aussi sa place.
Si les voix masculines (Richie Rekow et Nils Petersen respectivement bassiste et guitariste) ouvrent l'album sur "Bodhi song", c'est la voix de Rabia Shaheen Qazi, ce timbre si particulier presque chamanique, qui nous transporte aux confins de l'univers de Rose Windows. Parfois enragée puis ingénue, douce devenant profonde, incantatoire, elle frôle régulièrement ses propres limites mais sans jamais craquer.
Rien n'est laissé au hasard et il règne pourtant une sensation de liberté incroyable car dans cet ensemble cohérent, l'uniformité n'a pas sa place. Un très bon album qui se conclut magnifiquement par une de ces ballades qu'on commence au coin du feu et qui se terminent dans la nuit étoilée d'une vallée isolée.
[] Stop
Oui. Oui, je regrette déjà la fin de Rose Windows alors que cet album éponyme annonce le futur prometteur d'un groupe qui sait s'enraciner dans le passé de ses glorieux aînés sans s'y enchaîner. Je me consolerai en allant écouter The sun dogs, leur premier album, que je ne connais pas encore, espérant qu'il me fasse voir une autre facette aussi riche de feu Rose Windows.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.