Emplir de sons et de lumières ou tout simplement, de sa présence le Grand Rex, cathédrale de l’entertainment, n’est jamais une chose aisée. Sufjan Stevens a su transformer ce lieu en une véritable cathédrale, pour donner un récital de musique sacrée.
Silence religieux, sobriété constante, lumières et images de paysages panthéiques ou de films familiaux jaillissant à travers des formes géométriques rappelant des vitraux ou des tuyaux d’orgues. Il fallait créer une ambiance toute dédiée au recueillement pour célébrer son dernier album, le bouleversant Carrie & Lowell inspiré par la nostalgie et le deuil.
Entouré de musiciens brillants, dont le prestigieux Nico Muly ou la chanteuse Dawn Landes, notre Chamane pas vraiment showman mais pourtant si charismatique et émouvant a maintenu, tout au long de ces deux heures, une tension douce, une sobriété exubérante entre les sons et la lumière créant une présence humaine et musicale dense et mélodique saisissante de beauté.
La version époustouflante de presque dix minutes de "Blue Bucket of Gold" sonnant comme un envoi a clôturé la première partie du concert, ou plutôt de la cérémonie, consacrée au dernier album.
Ensuite, Sufjan Stevens a entonné ses classiques tirés des autres albums : "UFO", "John Wayne Gacy Jr" pour se terminer par "Chicago".
Dans cette deuxième partie, Sufjan Stevens et les musiciens se montraient un peu plus empathiques et décontractés, sortant de la religiosité de la première partie, pour se faire plus humains, rigolant entre eux ou s’adressant au public de manière très polie mais si respectueuse.
Cette dimension chaleureuse se retrouvait au merchandising, à la sortie, par d’étonnants tee-shirt "flashy" presque "disco" aux couleurs chatoyantes tranchant avec le gris, couleur dominante du dernier album.
Cette dernière évocation illustre bien cette soirée tout en équilibres subtils, entre profondeur et légèreté, joie et gravité, couleurs opposées et sonorités harmonieuses.
Au final, un public conquis savourant un moment rare de beauté, de musique et d’humanité. Revigoré par cette musique douce et rédemptrice, je me trouvais soudain transporté dans un état proche de l’Illinois ou du Michigan.
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