Après un avant goût (complet) le dimanche soir, la soirée d'ouverture de Mythos, festival des arts de la parole, avait lieu ce lundi au splendide Cabaret Botanique implanté à l'entrée du parc du Thabor de Rennes.
Le lieu est magnifique et tout est là pour mettre le public dans une ambiance bien particulière et très chaleureuse. Pour le premier concert les spectateurs sont assis. Soit sur les chaises du centre de la salle, soit encore sur les tables de restauration tout autour du cabaret.
François Pierron arrive sur scène et entame un morceau de contrebasse. A mesure que la musique remplit le chapiteau, on se doute que le spectacle ne sera pas banal. Loic Lantoine rejoint son fidèle musicien et entonne le premier titre de ce spectacle "'Badaboum".
Lantoine vient du nord. Et aussi banal que cela puisse paraître, on ne peut pas ne pas voir une filiation avec le voisin belge qu'est Arno. Dans les gestes, les paroles, l'humour, l'univers.
On hésite entre le voir comme un voisin, un ami un peu ému qui vient chanter de petites histoires à la maison, ou un poète timide qui se tord les pieds et les mains et désamorce son stress avec d'amusantes blagues récurrentes ("Pas vrai François ? / Pas vrai").
Le duo est complémentaire car le spectacle n'est pas seulement dans les histoires et les postures de Loïc mais aussi dans le jeu de contrebasse de François. Il caresse son instrument, puis le frappe, s'en sert de percussions, de caisse d'étranges résonnances et terminera même torse nu pour un final ahurissant avec un Loïc Lantoine déchainé sous les applaudissements du public conquis. Introduction à l'accordéon avec une java bleue improbable suivie par une chanson sur une mule. L'ambiance est mise : ce soir ce sera original.
L'accordéoniste quitte le plateau et le groupe l'investit. Tuba, ukulele, flûte, batterie, l'orchestre est prêt pour accueillir Fantazio, l'homme-contrebasse qui arrive en faisant un tour dans le public avec une chaise pliante.
S'ensuivent 90 minutes de surprises, de découvertes remplies de sons envoutants.
Benjamin, le bras droit, armé d'un portique rempli d'instruments aléatoires joue du ukulele avec un son impeccable, enchaîne avec des jouets d'enfants ou de simples barres d'acier frottées qui ajoutent une ambiance particulière aux instruments plus classiques des autres musiciens.
Fantazio s'amuse sur sa magnifique contrebasse passant du poème proche de l'écriture automatique à un chant classique italien executé avec brio.
Sa voix passe de l'aigu au grave, du grave à l'aigu et chaque chanson offre un style différent tantôt intimiste tantôt festif. C'est très proche de l'univers des hollandais de De Kift et on en redemande vraiment !
Beau démarrage pour ce festival qui donne une belle place au mot et à la musique et offre tous les ans de belles découvertes.
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