"A te voir marcher en cadence, Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bâton."
"Le serpent qui danse", Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
Le parcours de Julien Sagot (en solo ou avec Karkwa) est comme son nouveau disque, escarpé, sinueux. Valse 333 est un électrochoc, une claque électromagnétique musicale et littéraire.
Loin des sentiers balisés de la chanson française, Julien Sagot y trace des angles droits portés par une musique fantasmagorique lo-fi poétique et inclassable (rock ? électro ? chanson ?) et une voix grave, puissante (entre Arthur H et Arno) à la fois attirante et fragile (sur le titre "Katheline" par exemple). Cette valse sonore (aidée par le super mixage aéré de Mathieu Parisien) trouble, troublante ("Les Squelettes"), sauvage et indomptée est faite de tension (le très suicide "Avion") et de nombreux méandres ("Couleur Jaune", "Ficelle", "Fripper"), anguille dont on ne sait vraiment par quel bout prendre.
Audacieux, nébuleux parfois, jamais facile, c’est comme cela que nous aimons la musique. Valse 333 n’est pas de ces disques qui se livrent à la première écoute. Loin de là. Il demandera certains efforts. On reste dans le flou un certain temps. Son écriture singulière, ses paroles souvent oniriques, sa liberté de ton font de Julien Sagot le fils retrouvé des amours musicaux de Jacques Higelin, Areski Belkacem et Brigitte Fontaine.
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