Calibro (calibre en italien), c'est le type d'un pistolet devenu célèbre dans les films policiers italiens des années 70, tournés sur pellicule 35 mm.
Ce n'est pas par hasard que les Calibro 35 ont choisi ce nom, qui célèbre les séries B longtemps oubliées dans l'histoire du cinéma.
Le groupe naît en 2007 quand Enrico Gabrielli, multi-instrumentiste déjà actif dans beaucoup des side-projets, décide de quitter son groupe, un des groupes les plus représentatifs de la scène rock italienne, les Afterhours.
Enrico joint le guitariste Massimo Martellotta, le batteur Fabio Rondanini et le bassiste Luca Cavina sous la supervision du producteur Tommaso Colliva pour un projet dont le nom en dit déjà long sur ses intentions : reconvertir en musique l'imagerie des films kitsch policiers des années 1970 à l'aide des bandes originales arrangées dans un style personnel qui respecte les vieilles atmosphères.
Cet ensemble cinématique psyché instrumental débute avec leur premier album éponyme Calibro 35 (Cinedelic Records, 2008), suivi par Ritornano Quelli del... Calibro 35 ("Reviennent Ceux du... Calibre 35", Nublu Records, 2010). L'essence, ce sont des morceaux instrumentaux dans un groove soul-funk qui mélange le rock, des riffs répétitifs de guitares et claviers aux échos disco 70's.
En 2012 sort Ogni riferimento a persone esistenti o a fatti realmente accaduti è puramente casuale (Venus / Tannen) à traduire par "Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite", qui contient déjà dans le titre une déclaratin d'intention : les réferences ici sont les B.O. signées par Ennio Morricone, Bacalov, Trovajoli et Micalizzi.
L'album est enregistré à New York où là-bas, il a aussi été publié avec le titre anglais Any Resemblance to Real Persons or Actual Facts Is Purely Coincidental. Son succès emmène à la sortie d'un EP / bande dessinée Dalla Bovisa à Brooklyn ("De Bovisa à Brooklyn") qui raconte l'expérience du groupe aux Etats-Unis.
S.P.A.C.E. arrive après deux albums en 2013, Traditori di Tutti ("Traîtres de Tous") et Said, album des vrais B.O. pour le film Pulp de Joseph Lefevre.
Ce cinquième album qui compte 14 morceaux, tous instrumentaux, reprend les thèmes du cinéma de science-fiction et, pour mieux démontrer leur attachement aux années 60's et 70's, ils ont décidé de l'enregistrer tous ensemble dans la même chambre avec une instrumentation d'époque.
L'intro, "74 Days After Landing", est glaciale, un suspens en attente de l'explosion du premier morceau "S.P.A.C.E." (avec Gabrielli à la flûte). On retrouve le thème façon Spy Story adapté à l'espace dans "An Asteroid Called Death" et "Universe of 10 Dimensions".
Les synthés sont essentiels, on les entend dans des morceaux comme le fulminant "Brain Trap" d'une minute, "Neptune" de 26 secondes, ou sur "Something Happened on Planet Earth", où ils sont seuls avec une batterie lente et rythmée qui attend la guitare. On est encore dans le silence de l'espace dans "Serenade For a Satellite" et "Across 111th Sun" et on y reste avec des sonorités éloignées.
"A Future We Never Lived" montre l'âme plus soul de l'album alors que "Thurst Force" est dans le pur funk noir. "Bandits on Mars", "Ungwana Bay Launch Complex", "Violent Venus" sont presque un retour aux films policiers, une chasse dans l'espace.
Calibro 35 se confirme comme un groupe très attentif à la production, aux détails du son, à la recherche affinée des sonorités bien construites. Archéologues de la musique et artisans du son, ces gars de Milan partagent leur univers avec toute l'Italie et l'étranger, et maintenant les bandits ont conquis Mars.
Ne les ratez pas au Petit Bain le 25 février 2016 à Paris.