Avec Cut 4 Me, Kelela avait trouvé le moyen de parader sur les tapis rouges de la grande majorité des critiques et des blogueurs. Si la portée de son agenda, dans lequel on retrouvait certains noms issus de Sound Pellegrino, pouvait convaincre les plus crédules, c'est bien son talent qui s'est chargé de récupérer les faveurs des autres.

Pour Hallucinogen, les augures étaient bons : une foule de bons producteurs (grands ou petits) ont frappé à la porte de l'artiste et le public était prêt à en entendre plus. De fait, quand Kelela fait le choix de s'exiler pour travailler son premier EP, tout en reculant indéfiniment sa date de sortie, elle fait honneur à la maxime : le diable est dans les détails.

Et grand bien lui en a pris, puisque du haut de ses six titres, Hallucinogen offre le travail, le soin et la perfection d'un LP, dont la maturité ne peut être que le fruit d'un travail acharné et minutieux.

Élusif, vaporeux, mais également hautement addictif, Hallucinogen ne dément aucunement son nom. C'est que le temps de 6 titres, Kelela se construit un écrin à la mesure de sa voix. À la manière de montagnes russes, les montées en puissance sont trépidantes et les chutes s'avèrent vertigineuses. Ainsi, le bien nommé "All The Way Down" s'installe lentement dans les oreilles avant de détruire sa propre routine avec un pont et un refrain dont la douceur dissimule à peine la musicalité exacerbée de l'artiste.

Plus loin, c'est également avec des productions ambivalentes, parfois à la limite du shoegaze ("The High") ou encore exploitant des constructions clairement empreintes d'électronique ("A Message") que Kelela laisse une marque indélébile sur le chemin que le Rnb va suivre dans les mois et les années à venir. Car ne vous y trompez pas, avec Hallucinogen, vous assistez à l’émergence du R’n’B de demain et c’est très excitant.