Spectacle de théâtre gestuel conçu par la Compagnie Troisième Génération, mise en scène de Sergi Emiliano i Griell, avec María Cadenas, Agnès Delachair, Sergi Emiliano i Griell, Arianna F. Grossocordón, Guillaume Le Pape et Mattia Maggi.
La Compagnie Troisième Génération, assurément un nom à retenir et des créations à suivre tant, après des spectacles de rue, son deuxième opus en salle, "There is no alternative" soulève l'intérêt et l'enthousiasme par son originalité formelle, sa maîtrise technique et sa sagacité dramatique dans l'exigeant registre du mime moderne souvent inclus en France dans le genre du théâtre gestuel.
En l'espèce, le spectacle qu'elle propose ressort davantage au genre interdisciplinaire anglo-saxon du "physical théâtre" en ce que la partition se place aux confluences de la pantomime burlesque, du théâtre corporel et de la danse-théâtre.
Fédéré par une formation à l'Ecole internationale de mime corporel dramatique dirigée par Ivan Bacciocchi qui dispense la méthodologie de Étienne Decroux et la volonté commune de "faire du théâtre une force de résistance en étant plus délirants et décadents que le monde du pouvoir", ce collectif cosmopolite franco-hispano-italiano-catalan décline sa partition autour du slogan de propragande économique en faveur de l'ultralibéralisme, résumé "there is no alternative", apparu en 1980 et attribué à la Dame de fer Margaret Thatcher.
Ainsi il reprend à son compte ce que d'aucuns considèrent comme le bras armé du totalitarisme intellectuel sévissant dans les sociétés démocratiques et conduisant à l'inertie pour le décliner en le transposant dans deux thématiques ordonnées autour du thème de la jeunesse, l'amour et le désenchantement existentiel, par le procédé, certes classique mais bien articulé en l'espèce, du télescopage de l'histoire individuelle, une histoire d'amour qui se délite, et des convulsions de l'Histoire, notamment celles majeures de la Révolution française et des dictatures du 20ème siècle.
La narration réflexive résultant d'une écriture collective inventive et homogène est dispensée essentiellement par la dramaturgie du corps soutenue, le cas échéant, par la musique, des extraits de discours et le port d'un demi-masque déshumanisant conçu par Julie Bossard, dans une la mise en scène au cordeau de Sergi Emiliano i Griell avec une scénographie basée sur l'esthétique de la récupération du plasticien Rafael Fuster et un bel éclairage signé Laurent Labarrere,.
L'épatant et talentueux sextet formé par María Cadenas, Agnès Delachair, Arianna F. Grossocordón, Guillaume Le Pape, Mattia Maggi et Sergi Emiliano i Griell délivrent une excellente prestation aussi tragique que jubilatoire à découvrir d'urgence et à ne pas rater s'il passe près de chez vous. |