Spectacle de chansons conçu par Laurent Viel en collaboration avec Xavier Lacouture et Thierry Garcia, interprété par Laurent Viel accompagné par Thierry Garcia.

Après sa remarquable prestation en duo dans le spectacle musical "Rue de la Belle Ecume", le comédien et chanteur Laurent Viel revient sur scène en solo et en interprète des chansons de son coeur, celles de son album de souvenirs (en)chantés avec un épatant spectacle de chansons concocté sur le mode de la petite brocante intime.

En effet, de "La vente aux enchères" de Bécaud à "Drouot" de Barbara, il prend la forme d'une vente aux enchères qui en constitue la trame narrative sur laquelle vont se greffer évocations et émotions à partager.

Naturellement intitulé "Chansons aux enchères", il propose une play-list éclectique, car sans ostracisme quant au registre ou au style, des emblématiques de la grande chanson française à la variété. Car il ne s'agit pas d'un tribute mais d'une sélection subjective assumée dans laquelle Sylvie Vartan côtoie Léo Ferré et les "Joyeux bouchers" de Vian rencontrent les jeunes filles en fleurs de Proust avec "Du côté de chez Swann" revisité par Dave.

Avec aux manettes, la collaboration indispensable de ses fidèles complices et compagnons de route musicale. Pour la conception du spectacle, et notamment les intermèdes parlés qui, brefs et efficaces, échappent tant à l'ordinaire indigence textuelle qu'au bavardage invasif, il oeuvre avec l'auteur-compositeur et metteur en scène Xavier Lacouture.

Et c'est le musicien Thierry Garcia, officiant également sur scène, qui a concocté les arrangements pour un duo guitare (acoustique)/voix (non sonorisée) qui s'avèrent inattendus, novateurs et même hardis en ce qu'ils revisitent la couleur musicale originale pour faire voyager la chanson vers d'autres horizons sans la dénaturer, ce qui induit une nouvelle écoute, voire une réelle découverte.

Silhouette élégante et gracieuse à l'impeccable maintien, voix mélodieuse, oeil tant malicieux que charmeur, Laurent Viel s'avère un interprète sensible, émérite et généreux qui ne verse jamais ni dans la théâtralisation appuyée ni dans l'interactivité populiste.

Empathique, il dispense avec maîtrise un récital en montagnes russes vocales émaillé d'émotion, d'humour et de fantaisie.

Car si une vraie émotion sourde quand il reprend les mots de Barbara ou incarne "Ces gens-là" de Brel, il s'avère également showman à l'occasion d'un torride medley des années 1980 entre l'"Etienne" de Guesh Patti et son évocation, avec chorégraphie ad hoc, du "Sans contrefaçon" Mylène Farmer, tout comme allumer le feu avec la "Gabrielle" de Johnny qui entraîne le public à chantonner en choeur.

Chaleureux, divertissant et roboratif, ce spectacle, qui allie professionnalisme et convivialité, emporte donc fort légitimement l'adhésion du public.