L’essentiel des contenus que nos petiots doivent ingérer (et nous avant eux) est décidé par une assemblée d’intellectuels plus ou moins investis dans le devoir de mémoire qu’implique la responsabilité de l’enseignement de l’histoire de France… Et oui, Najat et ses prédécesseurs se soucient bien plus d’images et de statistiques sur l’école urbaine que du réel contenu des bulletins officiels. Libre à chacun d’en préciser les points les plus sombres. Mais comment faire quand le passé est si riche de détails et de petites gouttes ? Je n’ai pas de réponse objective à cette question.
Par contre, vous avez le choix de compléter ce que vous savez par ce que vous ne savez pas encore en lisant le roman de Gonzague Saint Bris : Louis XI le méconnu. Il est précisé que l’auteur a grandi au château du Clos-Lucé d’Amboise (une charmante maison over bourgeoise remplie de courant d’air et de tentures médiévales, et un jardin… Quel jardin !). L’anecdote ne relève pas son pourcentage de sang bleu… Sacrebleu !
Il est clair que de grandir entre de tels murs laisse présager une phobie du lavage des vitres (non mais franchement, vous avez vu le nombre ?) ou une passion dévorante pour les précédents locataires de ladite masure. C’est cette seconde option qui semble avoir emparé ce cher Gonzague, bien lui en a pris. Après une vingtaine de biographies de rois de France et de personnages illustres, il se penche sur le destin méconnu de Louis XI, celui que l’Education Nationale nous propose d’éluder pour s’attarder sur un autre Louis, plus chevelu, plus manipulateur aussi…
Il est vrai que Louis XI a un profil de rapace pingre et franchement pas sexy en culottes bouffantes et moule-genoux… On sait un peu moins que l’humeur paternelle n’était pas des plus bienveillantes à son encontre, ni qu’il fit preuve d’une habileté politique à en faire pâlir les missiles de Cuba. Maintenant que vous êtes sur la bonne voie, dites-moi, qui mit fin à la guerre de Cent Ans ? On connaît ses origines, mais qui donc y a mis fin ? Au bout de 100 ans quand même, il s’agit de ce Louis XI au physique ingrat et à la santé fragile.
Fragile ? Un migraineux comme il en court les rues de nos jours. Oui mais sans aspirine… Diantre. Il aurait lui aussi désapprouvé la garden party instaurée par le nerveux quatorzième. A l’époque où il ne fallait pas truquer de comptes de campagne pour se faire élire, Louis XI a su s’arroger le respect de son peuple, à l’instar d’un certain Jacques le Corrézien qui croque les fromages et serre les pinces des gardiens de la recette du saucisson de pays.
Le style du livre est parfois un peu rasoir, un peu comme de se promener dans un couloir long et monotone. L’avantage est qu’il laisse tout un tas de portes ouvertes de chaque côté, histoire de se raconter des histoires, de lier passé et présent, de comprendre, en sortant ce troublant personnage de la tombe où il est depuis trop longtemps au repos.
L’aventure est entre les lignes de chacune des pages du roman fort bien documenté et précis. Louis XI, le représentant d’un peuple, ni profiteur, ni cavaleur… Prince et pince… Réformateur et administrateur. Pas dans les lignes du Bulletin Officiel d’histoire de primaire, il aurait encore fait râler les médiocres qui se plaisent à niveler les savoirs vers les bas-fonds… Faut pas trop les faire travailler ces petits. Merci Gonzague, ils pourront toujours se rattraper (ceux qui savent lire). |