Réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau. France. Romance. 1h37 (Sortie le 27 avril 2016). Avec Geoffrey Couët, François Nambot, Mario Fanfani, Bastien Gabriel, Miguel Ferreira, Arthur Dumas, Eric Dehak et Patrick Joseph.
On connaît le cinéma de la paire Ducastel-Martineau depuis presque vingt ans. De "Jeanne et le garçon formidable" à "Drôles de Félix", on a pu apprécier le talent des deux compères dans tous les genres, de la comédie musicale à la Demy au road-movie ensoleillé.
Evidemment, leur thématique tournait toujours autour des amours masculines où souvent le sida était passé par là pour donner un goût amer à la fraîcheur de leurs récits faussement naïfs. Avec "Théo & Hugo dans le même bateau", on ne sera donc pas dépaysé. Tout au contraire, on restera au centre de leur cinéma, avec sans doute une manière plus franche, plus directe d'aborder les questions qui les préoccupent.
Sans faire un mauvais jeu de mots, ici, on ne tourne pas autour du pot et il faut prévenir les personnes peu habitués à de telles images que le premier quart du film se déroule dans une "back-room". C'est là que Théo et Hugo vont se rencontrer pour le meilleur de leur sexualité et la pire de ses conséquences.
Moment sensuel, filmé en scoop avec des filtres, l'entame de "Théo et Hugo dans le même bateau" d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau" ne lésine pas sur les actes sexuels explicites. A tel point qu'elle pourrait induire en erreur le spectateur.
Car, une fois ce bon moment pour eux écoulé, le film commence vraiment. Fini le marivaudage en vélib, terminée la jouissance de deux corps de jeunes adultes... et mal venue la réalité : ce rapport bêtement non protégé impliquait un partenaire atteint du VIH...
Dès lors, commence pour les deux nouveaux amants le parcours des combattants de l'amour à risque... Avec un test, un traitement d'urgence et une sacrée épée de Damoclès sur leurs épaules.
On retrouve dans le cœur du film tout ce qui peut plaire ou agacer chez les Ducastel-Martineau, avec en fer de lance une grande naïveté dont Théo et Hugo ne se privent pas. Mais, comme il y a un vrai enjeu dont on a vécu les prémisses et les développements, le film est convaincant et l'on accepte son suspense morbide, à savoir espérer qu'il n'y aura pas de grave conséquence pour les étourdis sans capotes.
"Theo & Hugo dans le même bateau" de Jacques Martineau et Olivier Ducastel mène sa barque avec astuce : au lieu de les séparer à jamais, l'un pouvant reprocher à l'autre de l'avoir contaminé, et l'autre de ne pas avoir pris ses précautions, leur "faute originelle" va être le ferment de leur amour.
On soulignera la qualité du jeu des deux garçons, Geoffrey Couët et François Nambot, par ailleurs excellent Dorante dans "Le jeu de l'amour et du hasard" que l'on peut voir actuellement au Lucernaire.
Dans "Le plaisir" de Max Ophüls, un personnage masqué disait que "le bonheur n'est pas gai". Dans "Théo et Hugo...", aucun des deux protagonistes n'affirme que le "malheur est gay". Et c'est tant mieux. |