Comédie romantique de Alexeï Arbuzov, mise en scène de Jean-Pierre Hané, avec Geneviève Casile et Jean-François Guilliet.
Embarquer pour Lipaïa ? Ou regarder à jamais le bateau partir, pour conserver, intacts, ses rêves ?
"Le bateau pour Lipaia", pièce fameuse d’Alexeï Arbuzov, dramaturge saint-pétersbougitien du début du siècle dernier, mort aux premières "transparences" de la Perestroika, a fait les beaux jours du Théâtre parisien, avec les inoubliables interprétations des duos Valère-Desailly et Feuillère-Tréjean.
Dans une bourgade pour curistes, un médecin-chef, blessé par les femmes, bougon et recouvert du lierre des années s’éprend d’une femme élégante et fantasque, pleurant un jeune fils héroïque.
Ensemble, malgré le temps qui a passé, ils acceptent la fin du jour, avec un sentiment tendre pour flambeau. Quant à l’amour… Peut-être encore jouer ?
Dans une mise en scène sobre, signée Jean-Pierre Hané, traversée d’ombres qui réajustent les arbres et arrangent le jardin, la grande Geneviève Casile, étoile du Français, icône du bien-dit et du bien-fait, incarne Lidia, avec une sensibilité que se dispute la force. Elle est russe, un peu folle, aventurière de crépuscule, elle est le personnage.
Quant au médecin revenu de tout, et prêt, néanmoins pour le départ, c’est Jean-François Guillet, parfait en ours au cœur friable, fragile et prêt à s’émouvoir. Le couple s’installe, s’apprivoise, convainc.
Un joli moment de nostalgie et d’harmonie entre les sexes que tout oppose et qu’un peu d’amour réunit miraculeusement. Il n’est jamais trop tard. |