Minor Victories est un groupe composé de membres de Slowdive (Rachel Goswell), Editors (Justin Lockey), Mogwai (Stuart Braithwaite). De quoi affoler la petite planète indie. Le disque a été enregistré de manière peu conventionnelle : les membres ne se connaissaient pas au début du projet, et les enregistrements se sont faits à distance. Alors que nous devions rencontrer Rachel Goswell et Justin Lockey, Rachel a dû rentrer à Londres en raison d'une inflammation de l'oreille, heureusement sans gravité, lors de la journée de promotion du groupe. C'est donc en face-à-face que nous avons rencontré Justin Lockey. Et même s'il s'agissait d'une journée marathon de promo pour lui, on a rencontré un gentleman, totalement disponible, souriant, agréable, et surtout assez excité par la direction musicale que prend ce nouveau projet.
Quand on dit de Minor Victories qu'il s'agit d'un "supergroupe", cela signifie-t-il que vous vous retrouvez dans une Minor Victories' cave que vous avez une Minor Victorie's mobile ?
Justin Lockey : (Rires) Ah, si seulement. On nous donne en permanence ce qualificatif de super-groupe. C'est une facilité simplement parce que nous jouons tous dans d'autres groupes. J'aimerais vraiment la super bagnole et qu'on se retrouve dans la Minor Victories' cave. Mais la réalité est beaucoup plus pragmatique et ennuyeuse que ça. Chacun de nous joue dans un groupe, et nous allons jouer avec d'autres personnes qui elles-mêmes jouent dans un groupe. En fait, c'est juste un autre groupe.
Le dossier de presse dit que Rachel et vous ne vous connaissiez pas lorsque ce projet a commencé à mûrir. Cette envie de travailler ensemble vient-elle alors uniquement de la musique ?
Justin Lockey : En effet, nous ne nous étions jamais rencontrés mais nous avons le même manager. Nous revenions de tourner avec Editors, et je lui parle de ce projet, musicalement différent de ce que je peux faire avec Editors. Je lui dis que j'ai déjà quelques morceaux. Il me conseille : "tu devrais en discuter avec Rachel". J'envoie donc mes premières maquettes à Rachel en septembre 2014. Elle y travaille de son côté, mais chacun de nous est pris sur les projets avec nos groupes respectifs. Les premières maquettes restent à dormir pendant plusieurs mois. C'est seulement au cours de l'année dernière qu'on a pu revenir sur cette idée de disque. Pour aller plus loin, nous nous sommes rendus compte qu'il faudrait embarquer d'autres personnes dans l'aventure. Rachel m'a proposé contacter Stuart (Brathwaite) de Mogwai. Ça m'a semblé cool. Moi j'ai demandé à mon frère s'il voulait participer. Il est bassiste, mais réalise aussi des vidéos. Hormis mon frère, je ne connaissais pas les autres, mais je connaissais leur musique et surtout leur potentiel musical. Pour moi, c'était suffisant pour me lancer ce projet de disque.
Lorsque vous avez finalement rencontré Rachel, c'était à l'occasion de l'enregistrement de In dream d'Editors, après que le projet Minor Victories ait commencé à prendre forme. Es-tu à l'origine de cette collaboration ?
Justin Lockey : Non, c'était une envie commune du groupe. Le choix de travailler avec Rachel s'imposait pour le type de musique que nous faisions, pour l'humeur de la musique que nous faisions. Elle était disponible aux dates d'enregistrement et d'accord. On a dit : "Allez, on y va".
L'album In Dream a été enregistré en Écosse. N'aurait-ce pas été le bon moment pour rencontrer Stuart ?
Justin Lockey : À ce moment-là, il était très certainement en train d'enregistrer dans le même coin, mais nous ne savions pas encore que nous allions travailler ensemble. C'est une espèce de coïncidence bizarre. C'est vrai que c'est amusant quand on y repense avec le recul.
Dans Minor Victories, vous avez chacun amené des idées. Mais le fonctionnement au sein du groupe est-il démocratique.
Justin Lockey : Plutôt, même si c'est moi qui ai produit le disque. Comme nous avons travaillé à distance, nous avons chacun amené des idées et nous envoyions les enregistrements à tous les autres membres du groupe. Le travail avançait comme ça. Alors oui, c'était démocratique, j'étais là pour centraliser. Pour l'artwork et le visuel, c'est moi. Mais musicalement, on a tous eu un poids égal.
Vous produisiez, mais il y avait-il néanmoins un retour vers les autres membres du groupe pour avoir leur avis ?
Justin Lockey : Oui. Nous étions en contact permanent. Maintenant, ça fait des années que j'enregistre et que je tiens le rôle d'ingénieur du son avec Editors. Mais il y a eu plusieurs échanges pour avoir les avis de chacun. Je me suis retrouvé naturellement avec la casquette de producteur, mais ça a fonctionné. J'étais à l'origine du projet, tout est passé par moi assez naturellement.
Comme vous ne vous connaissiez pas au départ, les uns les autres, ce disque peut-être vu aussi comme un hasard d'agenda.
Justin Lockey : Oui, tout à fait. Un heureux hasard. Mais, en même temps, chacun de nous connaissait le groupe des autres. C'était finalement très différent que de rentrer en studio avec des musiciens qui sont de parfaits inconnus. D'un côté, on travaillait à distance, mais on avait une confiance aveugle les uns en les autres. Et d'un autre côté, comme nos groupes respectifs ont leur fans, nous savions que l'attente, en terme de qualité, allait être élevée, et que nous ne pouvons pas nous permettre de faire n'importe quoi. Quand nous avons eu les versions des premières chansons, on a été totalement rassuré, et on s'est dit que notre méthode de travail fonctionnait.
Puisque ce projet a vu le jour par le hasard des disponibilités de chacun, y a-t-il d'autres projets qui pourraient sortir éventuellement ?
Justin Lockey : Je ne sais pas. Je ne peux parler que pour moi. J'ai toujours des projets en route, je compose. Mais il n'y a que 24 heures dans une journée. Pour l'instant, mon temps est complètement accaparé par Minor Victories et Editors. J'aimerais que les jours soient plus longs.
Vos groupes respectifs, Editors, Slowdive, Mogwai, ont tous joué en tête d'affiche à La Route du Rock. Est-ce la raison pour laquelle vous allez, avec Minor Victorie, de nouveau jouer dans ce festival cet été ?
Justin Lockey : Pas vraiment, il s'agit encore avant tout d'une histoire de calendrier. Le disque sort avant la saison des festivals. En terme de promo, c'est cohérent de faire un festival par pays. Or, d'un point de vue logistique, et alors que nous tournons chacun avec nos groupes respectifs cet été, nous avions une disponibilité sur le weekend de la Route du Rock. Il est vrai néanmoins que c'est un festival qui défend le genre de musique que nous proposons.
Cependant, pour préparer les lives, vous devrez vous retrouver ensemble pour répéter. Depuis combien de mois avez-vous loué le studio ?
Justin Lockey : Ça y est, c'est fait. On s'est retrouvé en mars à Glasgow pour préparer les concerts. Ça s'est fait simplement. On est tous très content du son qui va être énorme sur scène.
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