Lorsque l’on me proposa de chroniquer l’album de Son of Dave, ma première réaction fut de me demander de qui il s’agissait, après avoir consulté la "wikipédienne" bio du bonhomme, je ne fus pas plus avancé. Son of Dave, de son vrai nom Benjamin Darrill, membre des (heureusement) oubliés canadiens de Crash Test Dumnies, auteur du pénible tube FM en 93 "Hum Hum Hum", exilé depuis en Grande Bretagne, vole depuis plus de 10 ans de ses propres ailes, ayant délaissé le rock mainstream pour se rapprocher de ce qui lui tient le plus à cœur, le blues.
Ici, on ne parle pas du blues roots de Robert Johnson, ni de celui torride de Muddy Waters ou Howlin Wolf mais du blues de Louisiane, le Bayou. Après nous l’avoir présenté sous sa forme classique avec ses précédents albums, Son of Dave nous le délivre sur ce septième opus sous la forme d’un album de treize reprises, aussi hétéroclites que surprenantes. Quand il s’agit de réadapter John Lee Hooker "Burning Hell", ou Robert Johnson "Crossroad Blues", Son of Dave ne sort pas des sentiers battus... L’intérêt de cet album repose plus dans sa réinterprétation sauce Louisiane, des Daft Punk "Harder, Better, Faster, Stronger", du "Black Betty" de Ram Jam, du "Lust for Life" d’Iggy ou du "Can’t Rely On You" de Pharrell. En bon soliste one man band, Son of Dave, harmonica et grosse caisse de circonstance (mais sans les colombes), nous décroche systématiquement le sourire des lèvres, il nous emmène là où il le souhaite, vers cet univers bayou fait de sons de brics et de brocs, vers cette ambiance de cagnard pesant et de moiteur ambiante...
Et vient sur la plage 9, le sommet de Explosive Hits, à savoir la reprise de Technotronic (oui, oui vous avez bien lu) "Pump Up the Jam", horrible tube eurodance des années 90... Darrill le triture, le démembre, lui fait subir un lifting (plus réussi que celui d’Emmanuelle Béart) pour nous amener une véritable confiserie sautillante et dansante, complètement appropriée à une future interprétation scénique... La reprise est tellement réussie qu’il nous en donnerait presque l’envie d’aller réécouter l’original.
Certes, cet album ne révolutionnera en rien le paysage musical, à peine sortira-t-il du cercle des fans de Benjamin, mais Explosive Hits est et restera une jolie et inédite collection de reprises, packagée à la manière des compils 70’s K-Tel Super Hits.
Quant au bonhomme, tout me revient... Je m’étais demandé qui était ce zig avec son costard façon Kid Creole accoudé au bar du 106 à Rouen, lors d’une édition du festival Les Nuits de l'Alligator, maintenant je sais, c’est le gars qui m’a éclaté avec sa reprise bayou de Technotronic...