Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Marie Darieussecq conue par le collectif Das Plateau, mise en scène de Céleste Germe, avec Cyril Gueï et Maëlys Ricordeau.
Première transposition sur les planches du roman de Marie Darrieussecq, "Il faut beaucoup aimer les hommes" présenté par le Collectif Das Plateau, retrace l'amour éphémère et violent de deux jeunes gens que tout oppose.
Elle, Solange, jeune actrice française vivant dans les beaux quartiers de Los Angeles, lui, Kouhouesso, réalisateur canadien d'origine camerounaise accaparé par son impossible projet d'adaptation d'"Au cœur des ténèbres" de Joseph Conrad, abordant au passage des thèmes tels que la relativité et la complexité des rapports dominant-dominé sous toute ses formes : homme-femme, blanc-noir, patron-employé...
Pour retranscrire l'écriture si particulière de la romancière, qui donne à ressentir l'histoire à ses lecteurs, la metteuse en scène, Céleste Germe a souhaité plonger le spectateur dans un espace et une temporalité déconstruite pour lui faire mieux sans doute éprouver le texte, les affres de la passion et la dynamique si particulière de l'attente de Solange ainsi que l'obsession pour le Congo de Kouhouesso, qui rythment le roman.
Le plateau, imaginé par le scénographe James Brandily, est nu, recouvert uniformément des murs au plafond, de grands panneaux cuivrés, reflétant merveilleusement les lumières d'Olivier Tessier, créant des ambiances fantasmagoriques qui se passent de décors et où la musique de Jacob Stambach, omniprésente, peut prendre tout son essor.
La question formelle étant depuis longtemps au centre du travail de Céleste Germe, elle la pousse dans "Il faut beaucoup aimer les hommes", jusque dans ses retranchements, alternant présence et absence de Cyril Gueï (charismatique Kouhouesso) et Maëlys Ricordeau (vibrante Solange) sur scène, jeu, musique, projection cinématographique et narration en voix off, dans une mise en abîme incessante d'une pièce issue d'un roman traitant de la genèse d'un film.
Quant à l'Afrique, personnage dur, vibrant et sensuel d'une intrigue où amour, racisme et lieux communs se mêlent sans discontinuer, Céleste Germe est allé en chercher à la source une essence, une trace d'homme blanc, via la réalisation d'un film tourné sur les pas de la romancière, qui a elle aussi tenu lors de l'écriture de son livre à expérimenter la forêt africaine.
Une attention soutenue est nécessaire afin de ne pas sombrer dans la torpeur vaporeuse induite par le rythme volontairement lent et le format long (2h30) de ce spectacle ambitieux et réussi. > |