Un hommage au film chinois XiuXiu : The Sent Down Girl de Joan Chen, c'est pour cette raison que Jamie Stewart a choisi ce surnom. Prononcé "chouchou", ce projet lancé en 2002a vu beaucoup d'albums, de collaborations, et même un split album avec Devendra Banhart en 2005, aussi.
Peut-être que les fans de Lynch ont apprecié Xiu Xiu Plays the Music of Twin Peaks, l'album de reprises de la B.O. de Twin Peaks, sorti en avril dernier sur Polyvinyl Records.
Toujours pour Polyvinyl, Jamie Stewart signe un nouvel album, qui sortira le 24 février : Forget. La production familiale de Angela Seo de Xiu Xiu, John Congelton (Blondie, Sigur Ros), et Greg Saunier des Deerhoof voit la collaboration d'autres artistes dont Charlemagne Palestine, Christoph Hahn, guitariste de Swans, Vaginal Davis et Enyce Smith. Si vous n'avez jamais écouté Xiu Xiu, imaginez Einstürzende Neubauten rencontrant la voix désespérée d'Alan Vega des Suicide et des faux airs de New Order.
Forget s'ouvre avec le morceau le plus court, "The Call", 3 minutes et 18 secondes de triomphe de synthés accompagnés de la voix de Jamie qui vibre sur un beat rap inattendu. La deuxième piste, "Queen of Losers", avec ses synthés aliens, ses bruits de l'espace, est un Retour vers le Futur à la sauce industrielle.
"Wondering" est le single qui a été choisi pour annoncer la sortie de l'album. Les synthés prennent une attitude plutôt electropop et cachent le mood dépressif de Stewart qui se bat depuis des années contre des fantômes ("Tonight is anything / Goodbye to anything / Outside of anything / Collide with everything") jusqu'à la capitulation ("There’s not a chance, there’s never been").
Le rythme obsessif du refrain ("Wondering, maybe ?") est adouci par le morceau qui suit : "Get Up". Cette ballade électro, avec Hay Choco Bananas, nous rappelle la période A Promise ("Sad Pony Guerrilla Girl").
Xiu Xiu a un univers à part : le noise mélangé à l'electro, l'industrial façon pop, les percussions dissonantes et métalliques, l'utilisation cacophonique des instruments, et la voix hurlée de Stewart qui lance un cri de douleur, un style qui fait de ce compositeur prolifique un musicien d'un genre unique.
Dans cet album l'apathie devient rage. Le chaos privé revient dans "JennyGoGo" et "At Last, At Last" pour nous préparer à la calme paranoïa du morceau qui donne le nom à l'album, "Forget". Un synthé qui se répète comme un climax obsessif, le son d'une atmosphère apocalyptique, angoissée qui cherche à s'en sortir en essayant d'oublier ("Forget").
Dans une autre ballade, "Petite", avec l'ajout d'un violon, la voix de Stewart devient plus triste, fragile. Comme il l'explique lui-même, "Forget accepte la dualité de la fragilité humaine. C'est une renaissance".
La dernière piste, "Faith, Torn Apart" est un spokenword, un poème récité sur un synthé minimaliste qui laisse des frissons ("My ambition is still to be a star / My skin feels like a breaking vase / My family won't never see me again / It doesn't matter what you think / Do anything you like / Because I was born dead and I was born to die").
Forget est à la fois douleur pour la décadence et palliatif d'un passé traumatisant. On oublie tout et ça va aller mieux.
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