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Théâtre de Poche-Montparnasse  (Paris)  février 2017

Comédie dramatique de Mike Leigh, mise en scène de Thierry Harcourt, avec Cédric Carlier, Dimitri Rataud, Alexie Ribes, Lara Suyeux et Séverine Vincent.

On savait que Mike Leigh était un grand cinéaste qui avait reçu la palme d'Or à Cannes pour "Secrets et mensonges" et qu'à l'instar de Ken Loach et Stephen Frears, il portait haut la renommée du cinéma social britannique.

Ce que l'on ignorait, en revanche, c'est qu'il était aussi un dramaturge à succès, notamment avec "Abigail's Party", créée en 1977, transformée en 1979 en téléfilm, puis reprise récemment à Londres et efficacement adaptée aujourd'hui par Gérald Sibleyras en français

Peintre parfois cruel de la société anglaise, Mike Leigh déborde d'humour caustique et la description clinique qu'il fait des cinq personnages d'"Abigail's Party" est à la fois drôle et virtuose. Le temps d'une soirée entre nouveaux voisins, c'est le portrait de la classe moyenne moderne qui va se dessiner dans toute sa médiocrité satisfaite.

A l'aube des années Thatcher, dans cette banlieue londonienne, sans doute constituée de pavillons récemment construits, Mike Leigh convie ses spectateurs à partager un apéritif fortement alcoolisé entre membres de cette nouvelle couche sociale aux contours larges et flous qui n'a comme socle commun que les valeurs de la consommation.

Les Moss qui reçoivent sont plus installés dans tous les sens du terme que leurs jeunes voisins. Si l'on raisonnait encore en termes de classe sociale, les premiers appartiendraient à la petite bourgeoisie, Peter (Cédric Carlier) étant un petit agent immobilier et sa femme Beverley (Lara Suyeux) une femme au foyer sans enfant.

Quant aux seconds, ils incarneraient la classe populaire supérieure, avec Anthony (Dimitri Rataud) en informaticien (côté maintenance) et Angela (Alexie Ribes) en infirmière en milieu hospitalier.

Mais, des deux côtés, un point commun : l'inculture et son corollaire, le désir d'être grâce au paraître des biens matériels. Ce qui va s'échanger durant la soirée ne sera donc qu'un étalage de lieux communs et la vérification d'un vide existentiel effrayant.

Menant le bal, Beverley Moss, presque en tenue de meneuse de revue, parle et boit beaucoup. Elle ridiculise son mari stressé par trop de travail, triomphe de ses invités moins bien installés et compatit des malheurs de Susan (Séverine Vincent), la mère d'Abigail, contrainte de venir les rejoindre pendant la fête organisée par sa fille.

Ce personnage brasse du vent et récolte du malheur. Lara Suyeux le pousse vers l'excès, lui donne des airs "fassbindériens" qui vont bien dans le sens de la mise en scène de Thierry Harcourt.

Il a conçu "Abigail's Party" dans un écrin 1970 qui fait souvent penser à certains films du cinéaste allemand qui tissaient leurs toiles dans des décors colorés et dans le mauvais goût kitsch de l'époque des pantalons orange à patte d'éléphant.

On soulignera donc l'importance des costumes de Jean-Daniel Vuillermoz, définissant aussitôt chaque personnage et l'on oubliera pas, par exemple, l'extraordinaire combinaison-pantalon d'Alexie Ribes.

L'intérieur, lui aussi très soixante-dix, de Marius Strasser, avec grand canapé et coin bar, crée une ambiance sans légèreté, sans aucune distance. On pourrait définir son subtil travail comme un décor sans humour, évidemment porté au tragique quand Jacques Rouveyrollis fait jouer d'autres nuances de lumière.

Dès lors, ce qui n'aurait pu être qu'une longue soirée sans intérêt prend une force incroyable, et cela sans autre écho du monde que les bruits de la fête d'Abigail. C'est d'ailleurs, ce hors-champ permanent qui rend forte l'expression du banal exprimé sur le plateau.

Alors qu'on sent confusément que la vie est ailleurs, peut-être dans le mal de vivre d'adolescents invisibles produits par les personnages présents sur scène, il n'est plus question que de verres à remplir de plus en plus souvent.

"Abigail's party" pourrait être proche de "Cuisines ou dépendances" ou d'"Un air de famille" de Jean-Pierre Bacri et d'Agnès Jaoui. Heureusement, Mike Leigh ne se complaît pas dans l'anecdote et, renforcé par la lecture judicieuse qu'en fait Thierry Harcourt, se rapprocherait, sans l'excès sexuel et la tension sociale, plutôt de l'univers de Rainer Werner Fassbinder.

"Abigail's Party" est une découverte qui laisse à penser que Mike Leigh devra être désormais rangé dans la catégorie prestigieuse des dramaturges-cinéastes, aux côtés des Fassbinder, Mamet, Guitry et autres Duras ou Pagnol.

 

Philippe Person         
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