La Cigale est déjà presque remplie lorque David Delabrosse arrive sur scène, tout sourire muni de sa guitare et d'un petit clavier.
Drôle et sans doute un peu impressionné, il annonce qu'il va jouer pas mal de chansons inédites ce soir.
Et pour cause, puisqu'il est le seul à les connaitre ajoute-t-il. En effet, ce jeune artiste est actuellement en recherche d'une maison de disque afin de pouvoir proposer au public ses chansons "tranches de vie". Dans un style dépouillé qui n'est pas sans rappelé le Dominique A de La Fossette, David nous parle de ses galères de "musicien chômeur", d'un enfant pour lequel il a fait du baby-sitting, de sa vie, peut être de celle des autres, et sûrement de la vie d'un peu tout le monde dans cette salle.
Tour à tour amusant et touchant, parfois en même temps, les petites ritournelles de David Delabrosse ont fait mouche et le duo avec Yann Tiersen a sans doute beaucoup ajouté à sa côte de sympathie face à un public trépignant d'impatience de voir le fameux compositeur de la BO du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain…
Cette fois ci la salle est vraiment pleine à craquer et le spectacle peut commencer.
Pour ma part, j'avais laissé mes illusions aux vestiaires, restant sur ma faim après un spectacle de Tiersen à l'Olympia, il y a quelques années déjà il est vrai, bien décevant et qui m'avait brouillé avec le personnage en live, tout en me conduisant à une certaine méfiance vis-à-vis de ses compos qui voguaient un peu trop souvent là où on les attendait.
Ce soir, le concert commence par un Tiersen solo sur une chaise jouant de l'accordéon.
On se dit que "Merde, c'est encore la même chose, il va nous jouer tout Amélie Poulain, la ménagère de moins de 50 ans qui est venue ce soir en nombre va en avoir pour son fric et nous on va se faire chier"… Et puis, le groupe arrive. Tiersen chausse une guitare, cheveux en bataille et il entame alors un set tout en puissance, rock'n roll en diable et je dois l'avouer assez impressionnant.
On a du mal a imaginer qu'il s'agit du même homme, le petit gringalet qui bidouillait sur scène a pris des joues et de la densité musicale, et quand il reprend l'accordéon (très rarement) ou s'accroupit par terre pour jouer du xylophone ou de son mini piano, cela est presque surprenant, anachronique.
Au violon, Yann Tiersen ne se calme pas pour autant, bruits savamment dosés et mélodies s'entremêlent, le bassiste court en tout sens, le guitariste joue de la baguette sur ses cordes, le batteur et la claviériste sont plus discrets mais néanmoins fort efficaces.
Il faut se rendre à l'évidence, nous avons sous les yeux un formidable groupe de rock débordant d'énergie.
Le style Tiersen s'efface au profit de l'énergie et les morceaux prennent une toute autre dimension !

Christian Quermalet, son ami fidèle des Married Monk viendra pousser la chansonnette en remplaçant fort justement la voix de Neil Hannon sur un très joli "Les jours tristes".

L'arrivée sur scène d'un autre invité, Miossec, déclenche un tonnerre d'applaudissements, et le duo en vaut la peine sur"Le jour de l'ouverture" endiablé !
Que ce soit en solo d'accordéon ou au chant ("Plus d'hiver"), pour une reprise d'Elliott Smith ou un bref extrait d'Amélie Poulain, à la guitare ou au violon, en son jour d'anniversaire, Yann Tiersen nous a complètement séduit !
Un concert inattendu et énergique que l'on aimerait voir et revoir … alors quitte à sortir un autre produit estampillé Tiersen, s'il vous plait, faites un DVD live !
PS : Merci Monsieur Tiersen de m'avoir redonné envie d'écouter votre musique. |