Sommes-nous la somme de notre existence… La conséquence de nos actes… L’objectif insaisissable d’un choix… Le jouet du destin ? Jan Kjærstad tente de résoudre cette terrible équation avec Le séducteur, roman initiatique complexe où drames et joies se côtoient sur une toile agencée d’une main invisible.
Premier tome d’une trilogie éditée dans les années 90 en Norvège, Le séducteur arrive dans nos contrées avec la froidure de l’hiver.
Au premier abord, les chapitres semblent incohérents, sans indice temporel pour situer le lecteur. Seul le persévérant saura tisser l’intrigue du roman, tissé sans indices évidents.
Tout commence quand Jonas Wergerland découvre le corps de sa femme. Abasourdi, il contemple le cadavre dénué de vie de la femme qu’il a aimée. Assassinée. Et comme lui, nous ne savons pas comment réagir à cette image. Le couperet tombe pour le lecteur comme pour le héros, en même temps : la mort est inéluctable.
Pétrifié par cette image, Jonas replonge dans son passé. Des va-et-vient erratiques n’ayant qu’un seul but : celui de comprendre comment a-t-il pu en arriver là. D’anecdotes érotiques en scènes loufoques, Jan Kjærstad sème des indices indétectables entre les pages de son roman. A croire qu’il joue avec le lecteur comme un animal joue avec sa proie, lui laissant penser qu’il l’a semée pour ressurgir de nulle part, l’air de dire "héhé, je suis toujours là".
Ce n’est qu’à la toute dernière page du roman que Jonas sort de la très longue torpeur, nous faisant d’un même coup comprendre que ce n’était pas un rêve et que les chapitres précédents n’étaient qu’une plongée dans le fouillis de ses souvenirs à la recherche de l’indice qui explique la situation. Il appelle les secours.
Des phrases longues, des monologues intérieurs teintés de questions existentielles. Le mystère de ce roman résiste aux lecteurs les moins assidus, mais si vous vous accrochez, promis, vous sentirez les odeurs du vent dans les branches et de la froidure des déclarations solennelles entre ses lignes. |