Récit dramatique d'après une oeuvre de Sebastian Haffner dit par René Loyon.
Présenté par Compagnie RL, "Berlin 33" conçu par Laurence Campet, Olivia Kryger et René Loyon se présente comme un récit dramatique élaboré à partir du livre de Sebastian Haffner titré "Histoire d’un allemand - Souvenirs 1914-1933", écrit en exil en 1938 dont la parution est intervenue post-mortem en 1999. Son auteur, de son vrai nom Raimund Pretzel, apporte son témoignage sur les événements tant personnels qu'historiques vécus dans l'Allemagne de la République de Weimar.
L'adaptation de René Loyon se focalise sur les années 1930-1933 qui, de l'émergence fulgurante d'un parti ultra-minoritaire, le NSDAP avec la figure d'un "personnage fâcheux au passé trouble" et "tribun épileptique", à l'avènement du Troisième Reich, scelleront le crépuscule de l'Humanité.
Elles sont retracées dans une analyse à chaud par un jeune homme, il a 23 ans en 1930, issu de la bourgeoisie cultivée et "Candide" politiquement indéterminé, de ce qu'il nomme "la révolution nazie" et de sa perception de la passivité du peuple allemand, voire l'assentiment, à la barbarie nazie. Celle-ci résulterait tant d'une incrédulité proche du déni que de la confrontation à une réalité schizophrénique résultant du régime totalitaire instauré par un parti minoritaire qui maîtrise la dynamique de la terreur et de la propagande en organisant des grandes catharsis collectives avec l'organisation permanente de manifestations de liesse avec commémorations, fêtes nationales et défilés militaires. Ce qui, avec la collusion des hommes politiques, militaires et élites bourgeoises favorables à un retour à l'atavique autoritarisme "traditionnel" allemand, et pensant, à tort, pouvoir instrumentaliser les ultra-nationalistes, aurait provoqué un collapsus général entrainant l’effondrement moral du peuple. René Loyon dispense avec l'éloquence et la sobriété qui sont siennes une partition concise et efficace. Car si elle met en lumière des récits qui, tel "Seul dans Berlin" de Hans Fallada sur la résistance allemande à l'échelon individuel, apportent une bienvenue contribution historiographique, elle rappelle les mécanismes connus en matière de psychologie sociale sur l'influence minoritaire et, non sans résonance contemporaine, le danger, en cas de radicalisation, des minorités activistes face à une majorité en état de sidération. |