Monologue dramatique de Thomas Gunzig interprété par Morgan Perez dans une mise en scène de Leïla Moguez.

Outre les indices figurant sur l'affiche qui n'échapperont pas aux spectateurs avisés, ceux férus de films de kung-fu reconnaîtront immédiatement dans le titre un extrait d'une réplique culte du film "La fureur du dragon" de Bruce Lee - "le petit dragon approche sa proie, et avec sa queue, il frappe !" - qui résume l'attitude mentale qui permet de combattre l'adversité.

Tel est le conseil résultant de sa propre expérience que donne un père à son fils molesté à l'école par l'abruti de la classe qui veut l'ériger en souffre-douleur.

Car lui-même a été confronté à une situation similaire et, à défaut d'aide de ses parents, introvertis et effrayés par le monde, a trouvé exutoire et force d'âme dans le monde imaginaire des super-héros et des films gore qui démythifient la mort et l'angoisse de se colleter à la vie.

Ecrivain ("Manuel de survie à l’usage des incapables"), scénariste ("Le Tout Nouveau Testament" de Jaco Van Dormael) et auteur dramatique ("L'héroïsme au temps de la grippe aviaire"), Thomas Gunzig, par ailleurs ceinture noire de karaté, y décline son appétence pour les arts martiaux, les super héros de comics et les films d'horreur.

"Et avec sa queue, il frappe !" creuse une veine identique à celle de son premier opus théâtral précité, dont il constitue la version "optimiste", celle du phénomène transitionnel dans lequel, au doudou du nourrisson, l'enfant substitue un personnage de fiction lui permettant une identification propice à une compensation psychique.

Thomas Guntzig l'hybride avec un panorama des productions cinématograhiques gore des années 1970 et emblématiques des sous-genres "splatstick", "heroic bloodshed" et "rape and revenge" de "Massacre à la tronçonneuse" à "Halloween" en passant par "La nuit des morts vivants" considérées comme la version moderne des contes dont elles auraient la vertu cathartique.

Sous la direction de Leïla Moguez, la partition qui oscille entre tendresse paternelle et humour noir, dialogue avec un interlocuteur "arlésienne" et restitution commentée de scènes de films, est fort bien dispensée par Morgan Perez qui négocie sobrement crédibilité et folie.