La 2ème journée de Solidays était consacrée à la scène française à deux exceptions près : The Servant et Garbage.
C'est sans nouvel album, mais avec un nouveau single qui passe en radio que The Servant, se produit pour la deuxième année consécutive aux Solidays.
Emmené par Dan Black, The Servant est un groupe anglais formé à la fin des années 90. Il faut être honnête, c'est un groupe dont on connaît surtout les 2 tubes radiodiffusés ("Orchestra" et "Liquefy"). Et pourtant beaucoup de monde est présent pour les écouter.
Une des forces de ce groupe est bien évidemment son chanteur, très expressif, qui mime autant qu'il ne chante. Il arrive sur scène avec un "Bonjour, mes amis français !" et promet une "soirée incroyable". Fortement sympathique, on peut néanmoins trouver qu'il en fait un peu trop.
Côté musique, rien de spécial à dire, c'est pop, les mélodies naturellement imparables, les ballades évidemment jolies, les refrains forcément enjoués.
Le concert fini, on se dit qu'on a passé un bon moment, et puis ... on oublie.
La tête d'affiche du samedi, qui est restée longtemps la "surprise internationale" des Solidays, clôture cette deuxième journée sur la grande scène.
Quelques indices : ils sont déjà venus en 2002, la chanteuse est écossaise et le batteur a été le producteur de Nevermind (d'un certain Nirvana, je crois !).Inutile de maintenir le suspense plus longtemps (si tant est que suspens il y ait eu !), il s'agit bien sur de Garbage.
Shirley Manson, habillée pour l'occasion en petit chaperon rouge sexy, va faire l'effort de parler en français entre chaque chanson (et elle nous répétera tout au long du concert combien "C'est dur !", pour être sûr que nous nous rendions bien compte de l'effort fourni!)
Les chansons vont s'enchaîner rapidement. Ils piochent les chansons dans trois de leurs quatre albums (Garbage, Version 2.0, Bleed like me) et démontrent leur savoir-faire tubesque.
Le show est parfaitement maîtrisé, pas une note ne dépasse. Le son est très rock, les singles ne sont pas oubliés (Stupid girl, Why do you love me ? ...), le public est fan.
Mais pour ceux qui espéraient un rappel, c'est raté puisque lors de la dernière chanson, Shirley s'en va en courant sans un "Au revoir !". Pas que nous soyons particulièrement à cheval sur les conventions, mais bon. Elle laisse ainsi à ses trois acolytes le soin de finir la chanson ("Right Between The Eyes").
Alors forcément, on reste un petit peu sur notre faim ...
L'affiche française était éclectique : du rap à la chanson, de la pop au metal. Donc par ordre d'entrée en scène….
Le quator d'AqME ouvre les festivités du samedi avec leur rock-metal à 100 000 volts à réveiller même un festivalier endormi avec ses boules Quiès.
En 5 ans et 2 albums, Sombres efforts et Polaroïds & pornographie, AqME a fait preuve d'un parcours atypique mais réussi et d'un réel potentiel naviguant entre métal maîtrisé et rock énergique panachage de hardcore et de rock mélodique sur des paroles en français.. Sur guitare saturée, basse lourde et batterie assassine, Koma, le chanteur, s'époumone lors des morceaux construits comme des brûlots punk, les veines du cou saillantes, les cordes vocales au bord de la rupture alors que le mur de son rend les paroles souvent inaudibles.
Ben, Charlotte et ETN ne sont pas en reste pour un concert rageur qui avec le très puissant "Superstar", le public déjà électrisé se déchaîne. Ça pogote et slame à tout va !
Svinkels c'est un concept qui va donner un sacré coup de jeune à vos soirées entre mecs !. En effet après les chansons gauloises, les chansons de salles de garde voici le rap à boire. Revendiqué d'ailleurs, puisqu'ils annoncent eux-mêmes le retour des soiffards.
Habillés comme des enfants de 12 ans en vacances chez mamy à Six Fours plage en 1977, les Svinkels sont 4 gaillards qui sautent et mixent et racontent de bonnes vieilles blagues comme cereal killer "Pas d'Ovomaltine, mais du malt : vive la bière et le farniente !" et des paroles plutôt affligeantes sur du gros rap-punk.
Bon, bien sûr, tout le monde n'est pas RZA. Mais son public adhère. Beaucoup de dérision et de second degré paraît-il. Faudra expliquer ça au fiston alors. C'est tout de blanc vêtus (ça a sûrement une signification !), que les membres de AS Dragon prennent place sur la scène du Dôme.
Le public s'est pressé pour venir écouter un groupe que la réputation précède. Réputation faite en partie, il faut le dire, grâce à une part d'exubérance voir d'exhibition de la chanteuse.
AS Dragon se compose donc de Natasha, chanteuse tendance icône et de musiciens qui tournaient avec Burgalat et ouellebceq.
Leur deuxième album Va chercher la police vient de sortir, l'occasion pour eux de jouer live leurs morceaux. Les chansons ont un son eighties survitaminé, le chant est vif et instinctif. La chanteuse exécute une chorégraphie façon "Véronique et Davina" au son du synthé très synthétique.
La relation a du mal à s'instaurer. La chanteuse au look androgyne semble faire abstraction du public et pourtant s'étonne de ne voir personne danser devant. Heureusement qu'arrive le single "Comme je suis", pour qu'enfin le public s'anime.
Et alors que le concert se termine, le groupe annonce qu'il enchaîne directement sur le rappel, ce qui peut être, il est vrai, un gain de temps (tout du moins, si l'on est sur d'être rappelé !). Ce sera "Pump the jam" de Technotronic !
Ses nouvelles compositions, l'album L'homme du moment est sorti en octobre 2004 fait la part belle aux musiques, et aux musiciens qui l'accompagnent. Depuis 2002, date de sortie de son premier album Belle Ville, Alexis HK navigue avec un succès grandissant dans la scène musicale française.
Il entre avec simplicité, souriant, sur la scène du chapiteau Domino sous les applaudissements et nousprédit un momet mythique, mystique et orgarsmique.. Il a une incontestable présence sur scène et ses chansons à texte narratif, et à tiroirs, font mouche à chaque fois.
Sur un rythme soutenu ne laissant place qu'à quelques transitions verbales, il ne se laisse pas impressionner par le "A poil!" venu du public auquel il répond de son ton tranquille et légèrement ironique : "Je ferais ce que vous voulez (sauf ma mère) mais sachez que l'on ne peut pas tout avoir tout de suite !".
Il enchaîne les titres de son nouvel album dans lequel on retrouve son goût pour les portraits en demie-teinte ("La femme aux mille amants", "Coming out", "L'homme du moment") On prend du plaisir à sa scansion rap pour la reprise de "Western moderne" de MC Solaar et le chapiteau est en liesse pour les tribulations tragi-comiques du nain "Gaspard" ou la complainte de "Mitch" le catcheur qui clôt le set avec la présentation de ses musiciens.
>>> La conférence de presse d'Alexis HK
La chanson française fait recette et ce ne sont pas les gens tassés au dehors du Dôme, faute de place à l'intérieur, qui diront le contraire.
Les Ogres de Barback, c'est d'abord une histoire familiale. Constitué de deux frères et deux sœurs, le groupe s'est fait connaître par ses tournées inlassables en France.
En marge du star-system ils mènent tranquillement leur caravane faisant de la chanson réaliste, mélange de chanson française, rock et musique tzigane.
Et puisqu'ils sont un groupe de rencontre, ils sont accompagnés par la fanfare du Belgistan (Ndlr : petit état proche de Bruxelles) avec qui ils battent le pavé depuis environ deux ans.
"Angélique du resto u" sert de morceau d'introduction puis suivent "Accordéon pour les cons", "Rue Mazarine"... Le public chante de bon cœur les refrains et mélodies, la bonne humeur est contagieuse sous le dôme. La musique est festive et riche d'instruments.
Le concert se finit avec "Salut à vous" qui se termine en "Salut à toi" des Béruriers Noirs. L'ambiance est survoltée et l'on sort de ce concert avec un large sourire (niais, peut être ?).
L'accordéon a encore de beaux jours devant lui et même si les Ogres de Barback chantent "Et je joue d'l'accordéon, alors que j'trouve que c'est un instrument pour les cons"… il ne faut pas les croire !
Bumcello. Un nom de clown fellinien, sur scène, un violoncelle rouge qui semble carrossé par Pinofarina et une batterie à côté de laquelle un carton contient des tas d'objets percussifs.
A l'archet, un petit bonhomme discret, Vincent Segal. Aux baguettes, et autres instruments de percussions, et à la voix, un zoulou blanc, silhouette et visage à la Rufus, coiffé d'une tiare de plumes fuschia. Cyril Atef.
Cela n'augure rien de bon pour le public néophyte qui craint le bidouillage genre performance à deux euros six centimes de deux musicos perdus sur la grande scène. Et pourtant, dès les premières notes, on se demande s'il n'y a pas de musiciens complémentaires qui seraient invisibles.
Et non, ils ne sont que deux. Mais deux musiciens plus que doués qui nous transportent sur des rives musicales peu usitées.
Aux termes de vrais improvisations à quatre mains on assiste au télescopage du rock et des fulgurances de world music à la fois minimalistes et luxuriantes.
Techniciens hors pair, ils disposent également d'une culture musicale et d'une créativité telles qu'elles leur permettent par le média de créations hypnotiques, vivantes, de l'instant, de subjuguer littéralement le public pendant une heure.
Les deux musiciens maîtrisent complètement leurs instruments, leurs possibilités et leurs limites sans cesse reculées comme ce violoncelle qui sait se faire guitare.
Les cordes frappées, pincées, caressées, rendent toute leur âme pendant que la rythmique après avoir été samplée s'enluminure de percussions atypiques pour un très beau travail symbiotique sur les sonorités, le rythme et la voix traitée comme un instrument.
Il n'y a pas de playlist, pas de morceaux calibrés, pas d'avant, pas d'après mais un concert unique qui est aussi un voyage musical de l'Afrique à l'Orient, celui que chacun porte dans ses rêves, qui voit Cyril Atef danser aux côtés de Vincent Segal puis se lancer dans la foule pour un petit tour de slam.
La musique passion tout simplement.
Luke se produit sur la grande scène pour la deuxième année consécutive. Ce n'est pas la seule similitude : mêmes chansons, même reprise (la Mano Negra , le plus grand groupe de rock du monde (sic!)), donc mêmes commentaires que l'année dernière !
Petite mise en scène et introduction avec une musique de cirque pour le dernier chouchou des médias avec son album "L'année du singe".
Le jeune public d'adulescents veut s'amuser, danser et taper dans les mains.
Pas de souci, Aldebert va raconter ses petites histoires qui lorgnent du côté de Brassens ("La femme de mon pote") et de l'enfance ("Carpe Diem", "Dis-moi dimanche", "Le bébé").
Impossible de ne pas s'y retrouver. Le name dropping est remplacé par les clichés ("La méthode couette")et il ne manque plus que l'ami Ricoré !
Avec un air détaché Saez réussit à faire exulter la foule sous le Dôme.
Le public de fan est comblé par ses chansons mêlant rock saturé et ambiances.
Pas besoin d'avoir 20 ans pour faire du hardcore !
Mass Hysteria, un des pionniers du métal français, continue son petit bonhomme de chemin en fédérant un large public de l'ado prépubère aux fidèles de la première heure. Avec la même énergie positive, les guitares furieuses soutiennent leurs textes humanistes. Vif et incisif, il propose un rock efficace et engagé qui en fait un groupe incontournable pour Solidays.
De sa voix puissante et aguerrie, digne descendante des chanteuses réalistes, Juliette s'est forgée une solide réputation et acquis un public de fidèles même si elle ne reçoit la consécration médiatique qu'au bout de 20 ans.
Avec un style qui n'appartient qu'à elle, elle déchaîne les passions et son set reçoit un accueil plus que chaleureux.
Elle joue avec le public, raconte qu'elle dispose d'un appeau à chouchou, que cette chanson "Maudite clochette" est celle qui va le plus vite de son répertorie au point où elle en oublie les paroles et chante des titres extraits de son dernier album Mutatis Mutantis dont le titre du même nom en introduction.
Elle a inconstestablement du métier et de la présence et le public est conquis.
Figure référence de la chanson à texte actuelle, les Têtes Raides mélangent les genres et les instruments.
Toujours engagés, ils usent de l'humour et de la poésie devant un public conquis.
>>> La conférence de presse des Têtes Raides
Ne vous perdez pas en conjectures car leur nom est trompeur. Il ne s'agit pas de musique écolo-acoustique. Encore que, comme dans Microcosmos où il y a plus d'un insecte derrière un brin d'herbe, Le peuple de l'herbe a plus d'un rythme nous entraîne pour
Les deux ex-Dj, Dj Pee et Dj Stani, rejoints par Psychosticks, N'ZENG et MC JC 001, proposent un cocktail de rythmes dub, hip-hop, funk, ragga et de musiques drum & bass, jungle, break-beat, techno et même électro rock.
Les sonorités éclectiques et festives ravissent le public qui pogote et slame à tout va. C'est sur leur tube "Sexual attraction" que le groupe introduit un "N'oubliez pas sortez couvert !" de circonstance.
Saltimbanques, artistes de rue, le trio de La Rue Kétanou fait revivre la chanson réaliste qu'on entendait aux coins des rues quand le spectacle à l'époque où le spectacle populaire naissait sur le pavé.
Un accordéon, deux guitares et un pas de danse suffisent pour un moment de fête et refaire le monde avec des mots sur une musique matinée reggae-rock-tzigane et un chouilla de musette.
Les tempos sont endiablés et le public est ravi. Allez, les cigales ! Continuez à entrer dans la foumillière ! |