Pas facile de chroniquer le dernier album de Phoenix, que l’on entend déjà partout, que l’on voit aussi sur de nombreux plateaux télé. Un nouvel album de Phoenix est toujours un évènement en France tant ce groupe jouit d’une notoriété française et internationale (justifiée ou pas) depuis ses premiers albums, notamment aux Etats-Unis. Pour moi, Phoenix est un bon groupe de pop français, à la discographie sympathique.
Le disque va cartonner, on la sait déjà, bien avant de l’avoir écouté en entier. Par principe, un album de Phoenix se vend. La première écoute est efficace, Phoenix ayant le don de retenir notre attention très vite des les premiers sons, dès le premier titre. Reste que le piège est trop facile, une oreille attentive et plusieurs écoutes vont nous livrer peut-être une opinion un peu plus mesurée vis-à-vis de cet album. Allez, andiamo vedere ce que vaut ce disque…
Quinze jours avant l’été, les versaillais de Phoenix nous livrent donc ce nouveau disque, qui à la lecture des 10 titres qui le composent nous laisse l’impression de lire la carte d’un glacier italien, de celles que l’on trouve dans les bonnes trattoria qui fourmillent dans ce superbe pays qu’est l’Italie. Sans prendre le vaporetto, loin des gondoles aussi, on retrouve les parfums de l’Italie, son soleil et ses plages.
Alors voilà Thomas Mars et ses acolytes ont fait le choix de l’Italie pour ce septième album, enregistré et débuté dans le plus grand secret, dès 2015, au dernier étage de la Gaîté lyrique. Dans la continuité des albums précédents, Phoenix s’appuie sur des musiques déjà vues, des synthés efficaces et des refrains accrocheurs. C’est plaisant, certes, on va avoir droit à des critiques dithyrambiques dans tous les magazines spécialisés (j’entends déjà que c’est l’album de l’été) mais il n’empêche qu’il se dégage de cet album un air de déjà-vu, ou du moins de déjà entendu. Les quelques belles expérimentations du groupe n’en font pas une révolution musicale.
Charmé par Wolfgang Amadeus Phoenix, enjoué par Bankrupt !, j’avoue rester un peu de marbre (pas de carrare) à l’écoute de ce Ti Amo, loin des meilleurs opus d’Arcade Fire ou du dernier Alt-J. En prétextant se réinventer en prenant le cap de l’Italie, le groupe versaillais conserve ce qu’il fait depuis vingt ans en nous proposant néanmoins quelques petites pépites qui font que Phoenix reste un bon groupe de pop française. Ainsi, dire que l’album est dénué d’intérêt ou mauvais serait profondément malhonnête tant l’on se surprend à remonter le son sur quelques titres malicieux. Et puis de toute façon, Phoenix c’est un peu toujours la même chose mais ça fonctionne. On tend toujours l’oreille…
Il y a donc à boire et à manger dans cet album, au sens propre comme au sens figuré, du cocktail "Tutti Frutti" à la glace "Fior di latte", au demeurant chanson très sympa que l’on écoutera avec plaisir cheveux au vent dans une décapotable cet été. "Via Veneto", aussi, est parfaite pour s’évader, pour préparer les vacances.
L’ensemble sent donc bon la guimauve des années 80, bien kitsch aussi comme nous le montre le clip "J-Boy", avec pour la première fois quelques paroles chantées en français sur "Ti Amo", "Goodbye Soleil" et "Fleur de Lys" (ma chanson préférée de l’album). Volontairement disque européen, avec des textes en italien, français et espagnol, Phoenix revendique une forme de Brexit musical nous disant "qu’aujourd’hui on sent bien que l’Angleterre est en jachère sur le plan de la musique" ! Ah bon ? S’ils le disent… J’ai quand même du mal à le confirmer à l’écoute de certains disques sortis récemment…
Sans nous avoir fait sauter de partout, plutôt sautillé sur quelques titres, le dernier album de Phoenix est donc un disque agréable, un bon disque que l’on va beaucoup entendre cet été, mais pas révolutionnaire non plus. A travers une belle déclaration d’amour à l’Italie, Phoenix nous promène sans nous embarquer dans les rues de Rome, sur une vespa des années 80, sous des senteurs de Spritz et d’Americano. C’est frais et léger, comme d’habitude.
Ce disque est taillé pour l’été et les festivals qu’ils vont faire, taillé aussi pour les radios qui vont sûrement nous le faire écouter en boucle jusqu’écœurement. Ti amo n’est pas un disque pour durer, selon moi, juste un disque du moment, d’une grande éphémérité (ou effet-mérité, au choix).
Allez, je vous laisse l’écouter pour vous faire votre avis. Ti amo mérite d’être écouté.
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