L’histoire commence évidemment dans une forêt sombre, très sombre. Gros plan sur un bout de moisi qui fut autrefois un morceau de pain. Ou du fromage. Et c’est en plein émerveillement sur la fractale de nourriture avariée que vous percevez les premiers grésillements caractéristiques de chair brûlée. Damned ! S’agirait-il de combustion spontanée provoquée par la persistance rétinienne d’une observation trop attentive ? Que nenni.
C’est AqMe les enfants. Et les grésillements sont des accords électriques sur cordes à la limite de la rupture. Non, le monsieur n’a pas mal. Il est en colère. Oui, il chante. Bien sûr que vous avez le droit d’essayer. 12 titres. Huitième album.
Une fois balayés les premiers préjugés inhérents aux métalliques métalleux, de noirs vêtus, tatoués et enchâssés dans de la joaillerie titane-cuir, la puissance de la musique émerge. L’idée du métal est d’exprimer une rage de combattant, de faire sortir les tremblements essentiels provoqués par les remugles sentimentaux. Si, ils ont un cœur. La preuve.
Chaque morceau a une identité mélodique domptée du bout des baguettes par les vibrations des peaux de caissons harcelées par Etienne Sarthou, les oscillations de l’air de la basse de Charlotte Poiget, et de la guitare de Julien Hekking, et les chairs à vif du chanteur Vincent Peignard Mancini. Justement situé entre le marchand de poisson et l’écorché suppliant, le chant est exclusivement en français.
Pas seulement bruyant et dérangeant, le son se pare d’une atmosphère plus apaisée, accompagnant les gros bouts de riffs qui grincent des dents. Certainement ce petit truc en plus qui rend le métal alternatif. Il est plus sympa.
AqME provoque de délicieux frissons à crépiter de la cervelle en chantant à se tuer la tête, et déclenche en même temps une furieuse envie de pousser les limites et d’avancer. Du velours acéré.
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