Parfois le geste, l’univers créé par un artiste prime sur le fond ou la forme. Marcel Duchamps n’est pas passé par là pour rien ! C’est le cas dans ces disques qui ont en commun d’être les fruits du même bonhomme : Ray Borneo, musicien, auteur, compositeur réfugié en Auvergne dans une ancienne discothèque, créateur inextinguible qui est assez dingue pour sortir en quelques jours pas moins de quatre disques sous autant d’identités différentes. Fou non ! Et qu’importe les genres ou les esthétiques, le plus important chez lui, c’est la musique.

Avec Tara King Th., Ray Borneo opte pour l’électronique et nous emmène loin, très loin, dans l’espace, vers l’infini et au-delà dans une sorte d’album conceptuel totalement immersif, un périple au goût des bandes originales des films de science-fiction lo-fi des années cinquante ou soixante d’une trentaine de minutes à bord de l’Asterion où la quête de vie extra-terrestre interroge sa propre existence. Alors forcément c’est assez référencé, il y a beaucoup de klings et de klangs, de fuzz, de wizz et de bizz, de sons trafiqués et biscornus, de claviers qui sont au service de mélodies vintages (cataloguées facilement dans les années 70…) enchantées. Ray Borneo indique que son disque doit être joué fort, dans le noir avec un système stéréo ou au casque. Des recommandations que tout bon voyageur musical connait déjà mais qu’il est toujours bon de rappeler, surtout quand le voyage est aussi sympathique que celui-là !

Avec 8, le musicien Français s’associe avec Brisa Roché, chanteuse d'origine américaine mais résidant en France pour un disque résolument rock, hirsute et direct qui rappellera des souvenirs à ceux qui aiment la PJ Harvey des débuts.

Tout aussi rock, Bee Tricks propose une musique nettement plus garage presque punk alternatif avec guitares incisives et basse omniprésente, balaise comme un panzer 8.

Différent, Lomostatic lorgne plutôt vers un mélange entre hip-hop et rock, collectif où se mélangent les voix d’Olivier Depardon, Gontard, Jull, Bleu Russe ou Ginger Man. Et tout cela sort sur son propre label Petrol Chips. Dingue oui !