Les livres qui traitent de la maladie d’Alzheimer sont à l’honneur en cette rentrée littéraire de janvier. Après avoir adoré La nuit introuvable de Gabrielle Tuloup, me voilà avec le nouveau livre d’Hélène Ling, Ombre chinoise, publié aux éditions Rivages. Hélène Ling vit et travaille à Paris, elle est l’auteur de déjà deux livres, Ombre chinoise est son troisième.
Si la maladie d’Alzheimer était au cœur du livre de Gabrielle Tuloup, sa place est néanmoins moindre dans le roman. Elle est le point de départ de l’histoire du roman d’Hélène Ling qui devient rapidement des histoires. La mère de l’auteur se retrouvant frappée par la maladie d’Alzheimer, cette dernière tente alors une percée vers les lieux du souvenir pour faire face au vertige de l’oubli et de l’exil qui s’est emparée de sa mère. Hélène est née de parents originaires de Taïwan. Séparée de son père parti travailler au Vietnam, sa mère resta à Paris, rencontre d’autres hommes, vivant grâce à l’aide financière de son riche frère resté à Taïwan.
Hélène va alors remonter dans ses propres souvenirs pour reconstruire son passé et celui de sa mère. Hélène évoque sa famille taïwanaise et sa diaspora : le restaurant chinois parisien, la maison du patriarche à Taipei, les cousines de New York. Autant de lieux du souvenir où se mesure l’héritage rejeté ou perdu.
En parallèle de son autoportrait, son récit va se mélanger à d’autres récits imaginaires. Hélène Long va nous raconter en même temps l’histoire d’Elisabeth Jones, une indienne Cherokee à l’histoire assez surprenante et celle d’un scénariste, double aliéné de l’auteure, en panne d’inspiration qui tente de se mesurer à la mafia chinoise. Des trois personnages qui s’entremêlent, c’est celui de l’indienne Cherokee qui émerge. Déportée vers l’Oklahoma en 1839, elle rejoindra finalement le Wild West show de Buffalo Bill.
Hélène Ling fait le choix d’entremêler ses trois chemins dans le livre, prenant le risque de rendre la lecture parfois un peu compliquée, nécessitant des retours en arrière pour le lecteur pour bien comprendre l’enchevêtrement des histoires. Malgré cela, elle a fait preuve d’une grande audace dans la construction de son roman qui lui donne une dimension particulière.
En mêlant le Grand Ouest et le Grand est, c’est la question de nos origine qui est l’interrogation principale du dernier livre d’Hélène Ling. Pour tenter d’y répondre, l’auteur s’appuie sur une écriture qui est toujours juste et mesurée, faite de nombreuses métaphores qui donnent au récit une puissance narrative incroyable. |