Six ans d’absence et 2190 jours sans nouvelles…
Les fans de dEUS avaient la frousse. Peur que le groupe mette en pratique leur Ideal Crash de 1999 et se frotte le nez contre le mur du succès. Knock out devant les critiques élogieuses qui annonçaient alors dEUS comme l’avenir du rock belge.
Et l’eau des rivières Flandres avait coulé sous les ponts de Belgique. La nouvelle avant-garde en embuscade (Ghinzu, Girls in Hawai, etc..) menaçaient de prendre la citadelle érigée par Tom Barman et les siens à grands coups de larsens et de mélodies imparables (ah….Sister dew et son lyrisme mélancolique …). Bref, dEUS était en mauvaise posture.
Une fois tourné "Any Way The Wind Blows", premier long métrage de Tom Barman, le vent souffla enfin dans la bonne direction. Les voiles gonflées à bloc et l’encre levée, dEUS pu enfin s’atteler à son quatrième album, Pocket Revolution, qui sort ces jours-ci. Et force est de constater que si révolution il y a bien eu, c’est du coté du line-up, travaillé au bistouri et au scalpel.
Licenciement économique sans parachute pour les trois quart de dEUS et arrivée de Stefane Misseghers (batterie) de Soulwax, Mauro Pawlowski (guitare) d’Evil Superstars et Alan Gavaert (basse). Ne restent donc aujourd’hui que Tom Barman et Klaas Janzoons (violons) comme ingrédient d’une recette à succès.
Si l’attente fut longue, l’écoute de Pocket Revolution, quatrième album tout en rage, rattrape d’un coup d’oreille toutes les frustrations.. Tom Barman délivre un cocktail explosif dès le premier titre, "Bad Timing", dans le plus pur style dEUS. Guitares qui frémissent, arpèges qui fredonnent et rythmique quasi-militaire confèrent à Pocket Revolution un son précis et direct.
Paysage éloigné et oublié, Ideal Crash semble déjà loin, et les bidouillages électros itou. Production léchée et voix au premier plan, le nouveau dEUS semble soudé, laisse entendre une cohésion pour un groupe jouant ensemble depuis seulement quelques mois.
"7 days 7 weeks" assure la transition vers les ballades made in dEUS, "Stop-start nature" joue la basse disco et "If you don’t get what you want" s’affirme comme le single évident d’un album hétéroclite. Tom Barman, en bon capitaine, y souffle le chaud et le froid et impose encore une fois ses ballades mélancoliques ("Include me out" et ses claviers lancinants) comme le meilleur artifice de dEUS.
"Pocket Evolution", chanson éponyme séduit par ses chœurs limite gospels et finit de convaincre. Le cru 2005 est bon. Et devrait prendre de la bouteille avec l’âge. Age de raison, raison d’espérer, Tom Barman relève le défi et émeut tout son public sur les chansons mid-tempos ("The real Sugar" et ses violons), distribue quelques titres dispensables ("Sun Ra", bof bof..) mais entraînera sans nul doute plus d’un spectateur dans sa folle chevauchée fin septembre à l’Olympia.
"Nothing really ends" chantent les belges en conclusion. Effectivement, rien n’est jamais vraiment terminé.
Et dEUS se reconstruit plus vite qu’une cicatrice tout en
hémorragie. Et confirme aujourd’hui encore que le meilleur
du rock vient de Belgique. L’Anvers du décor sans doute…