Bâti autour de la transformation des sentiments et des revirements de l’attachement, le trio franco-écossais de Maestro livre Monkey Business. Il y a Markie "résolument discret dans son apparence", Freddo "ce type aux claviers qui ne regarde jamais le public" et Tonio "un batteur aussi subtil que maniaque".
C’est un frisson, un genre de trip à l’amertume du pamplemousse, acidulé aux caissons hyperbares, quand le tympan jouxte les orteils, attribuant des envies de Pepito pas toujours légitimes. Plus clairement, les arrangements électroniques ont cet accent métallique donnant des envies de chair fraîche, mais ce n’est pas tout. Parce qu’il y a aussi l’électronique mélodique, comme de pimpantes croustilles sur des salades insipides. Et gare à la table basse qui s’immisce sournoisement sur la piste de danse du salon.
Maestro fait des bulles dans le fade et des tâches sur l’immaculé, entre début et fin de soirée, une fois que les personnalités les plus attachantes sont arrivées et avant que les pires deviennent vraiment lourdingues. De l’audace suinte à chaque respiration, dans tous les coins des titres, des arpèges flamboyants aux percussions coconut. De l’électro pur et simple, hanté de ce qu’il a bu et habité de ce qu’il a vu, le trio de Maestro incarne les ondulations infatigables et les circonvolutions endiablées.
Ils sont de furieux acrobates du rythme à l’énergie communicative, les percussions virevoltantes et les claviers épileptiques, s’ensuit une désynchronisation corporelle absolument jouissive garantie sans OGM. Haletant.
Et puis il y a la suite, le summum de l’envoûtement : la transe chamane, l’ultime instant où le temps s’arrête, les cœurs se synchronisent, quand les divinités orientales prennent enfin vie et quand les grosses vaches donnent envie de croquer des steaks. Les mélodies s’envolent, les claviers deviennent aériens et les voix sépulcrales.
Monkey Business est une histoire, de corps, de cœurs, de passé et d’avenir, il laisse libre court à l’interprétation des sens et à l’élaboration de l’ivresse de la perception jusqu’au petit matin, et même après. Ils rassemblent les styles sous une bannière club irrésistible.
Essaye d’ouvrir tes chakras après ça. Ou mange un steak.