Commencer un disque hommage à Mingus avec "Moanin’" est une excellente idée. Parce que ce titre représente peut-être le mieux ce qu’était la musique du musicien américain : cette intensité, cette spontanéité, cette force ainsi qu'une approche non conventionnelle du jazz. Ce morceau, c’est le métissage si cher à Mingus. C’est le mélange du jazz, du hard-bop, du New-Orleans, du free, du swing et du be-bop. Avec des références blues, gospel et un mélange jazz - classique.

Plus encore qu’un contrebassiste exceptionnel, Mingus était un compositeur capable d’inventer, en s’appuyant sur ses racines (gospel notamment) un futur au jazz. Ses compositions sont denses et compliquées, imprédictibles par leurs variations de cadences ou de tempo. Elles sont à l’image de cet homme volcanique et impulsif, elles sont faites de méandres, de désordre, d’accélérations sauvages, de vie.

Une énergie que l’on retrouve dans ce disque de Géraud Portal enregistré en live au duc des Lombards. Avec ses camarades César Poirier au saxophone alto, Luigi Grasso au saxophone barython (mention spéciale !), Quentin Ghomari à la trompette, Vahagn Hayrapeytan au piano, Kush Abadey à la batterie et des Mario Ponce-Enrile au chant, Laurent Courthaliac au piano et Joe Sanders à la contrebasse en invités, le contrebassiste transmet toute l’énergie, toutes les saveurs, toutes les expressions, toute la sophistication de cette musique. Et c’est une véritable tornade aux vibrations largement communicatives. Et si le titre fait naturellement référence à Let My Children Hear Music, nous serons amplement d’accord avec son injonction ! Du Mingus dans le texte. Très bon !