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Pierre Schoeller  septembre 2018

Réalisé par Pierre Schoeller. France. Drame historique. 2h01 (Sortie le 26 septembre 2018). Avec Gaspard Ulliel, Adèle Haenel, Olivier Gourmet, Louis Garrel, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky, Céline Sallette, Denis Lavant et Laurent Lafitte.

Comment un pays trouve-t-il sa liberté ? Une interrogation politique et morale qui parcourt le dernier film de Pierre Schoeller, "Un Peuple et son roi", et qui s’incarne à travers le corps de Louis, souverain à la fois aimé et détesté. De la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 à la mise à mort du roi le 21 janvier 1793, le film suit les mouvements du peuple et les débats de l’Assemblée. Louis doit-il mourir pour que vive la Patrie ? La liberté désertera-t-elle un pays qui a osé s’affranchir de son roi ?

L’ambition est immense : dresser le portrait d’une France en pleine ébullition. Les hommes et les femmes du peuple, pleins d’espoirs, pleins de colères, frémissent au mot de Liberté; ceux qui font les lois écrivent la Convention, c’est-à-dire les règles d’un nouveau monde; le roi et sa famille attendent, déjà fantômes dans une France qui découvre ne pas avoir besoin d’eux, corps encombrants qui symbolisent l’ancien régime.

Tous ces êtres se déchirent et s’aiment durant trois ans, portés par les flots de l’Histoire. Mais, tout en subissant la violence politique, ces personnages ont bien conscience de participer, eux aussi à l’Histoire.

Le film s’ouvre sur la prise de la Bastille. Pierre Schoeller choisit de raconter cet événement sans pénétrer à l’intérieur de la prison; c’est à travers les discussions des personnages, réunis dans une pièce, que le spectateur entre dans le récit. Ce beau début donne à voir ce monde du XVIIIe siècle, où les habitants les plus démunis partageaient le même espace de vie ; cette promiscuité offre des compositions pleines de vie, où les personnages s’interpellent, s’entraident, mangent dans un joyeux chaos.

Cette manière de filmer le groupe est l’une des plus belles réussites de "Un peuple et son roi". Le réalisateur met l’accent sur le rôle des femmes, filmant les rassemblements de celles qui chantent, qui revendiquent, qui se battent. Moteurs de l’action, elles prennent les devants et font front face aux hommes qui dictent les lois dans un monde où la "citoyenne" n’est pas assez estimée pour voter, mais assez bonne pour prendre les armes et mourir.

Le film se confronte à cette épineuse question : comment raconter, comment filmer l’Histoire sans tomber dans l’illustration, en montrant à la fois la distance et la proximité que nous entretenons avec le passé.

Sur cette question, les écoles sont aussi nombreuses que les cinéastes : dans "La Commune", Peter Watkins faisait revivre une autre révolution en jouant volontairement sur une mise à distance des événements; l’effet en était saisissant. Jean Renoir, dans une "Marseillaise" toute empreinte de l’esprit du Front populaire, exaltait l’amour de la liberté.

Moins radical que Watkins, plus critique que Renoir, Pierre Schoeller choisit d’attirer l’attention du public sur un échantillon représentatif des opinions et des milieux sociaux de l’époque, dont on suit les joies et les peines.

"Un Peuple et son roi" donne parfois une impression d’inachevé. Devant un tel foisonnement de personnages, de tels bouleversements historiques, on se prend à rêver d’un film bien plus long, tant les questionnements politiques soulevés par le cinéaste sont passionnants. On aimerait sentir davantage les changements politiques, les dissensions qui se creusent entre les groupes et les citoyens, voir le temps qui passe, fait et défait les espérances.

Le film rassemble la fine fleur du cinéma français, de la lumineuse Adèle Haenel à Louis Garrel en Robespierre, d’Olivier Gourmet, personnage principal du film précédent de Schoeller, "L’Exercice de l’Etat", à Gaspard Ulliel, vagabond rattrapé, presque malgré lui, par la marche du temps. Denis Lavant campe quant à lui un inénarrable Marat, cabotin à souhait.

Ce petit jeu de qui est qui nuit-il au film ? Reconnaître, sous les perruques poudrées, tel ou tel acteur qui joue un grand personnage historique, fait une apparition, même courte, produit une distanciation. L’effet est peut-être voulu, et permet de mettre en évidence l’aspect théâtral de ce grand procès qui occupe la seconde moitié du film. Mais il distrait parfois des enjeux exprimés par l’action.

Le débat concernant la mort du roi, moment clé du film, complexe en raison de la multiplicité des paroles, de la longueur des arguments, est abordé assez frontalement. Le cinéaste prend soin de marquer le passage du temps; de l’aube blafarde au soir qui tombe, les orateurs se succèdent. En même temps que les personnages, public ou acteurs de ces discussions où se joue le futur de la nation, le spectateur s’interroge, change d’avis, doute. Le rapport, toujours pertinent, de l’intérêt de l’Etat et de la morale devient obsédant, dans un monde qui veut se purger des anciens privilèges tout en hésitant devant le chemin à emprunter pour conquérir la liberté.

On sent également la volonté de Schoeller de donner corps à ce Louis XVI (Laurent Lafitte) dont la vie et la mort décideront du destin d’une nation. L’évocation demeure parfois maladroite, comme dans cette scène d’hallucination où le roi voit apparaître les spectres de ses ancêtres. Si la dimension théâtrale, shakespearienne de cette séquence est revendiquée, elle ne suffit pas à donner vie à ce personnage dont il est sans cesse question. Toutefois, Schoeller prend soin de restaurer le monarque dans sa dignité face à la mort, redonnant à ce corps dont on ne cesse de débattre, au point d’en faire une abstraction, toute son humanité.

Même si elle ne résiste pas à un certain symbolisme - l’Oncle qui devient aveugle, la naissance d’un enfant en cet An I de la Révolution - on sort de cette expérience cinématographique et politique l’esprit éveillé, curieux. Elle nous rappelle que la République est une construction, et la liberté un combat.

Quand il s’agit de montrer les troubles d’une nation en devenir - pareille à la masse compacte que l’Oncle travaille, rend incandescente, pour obtenir finalement un nouvel objet, proche de la perfection - Pierre Schoeller parvient à faire vivre ce Paris où retentissent tour à tour les cris de liesse et le fracas des baïonnettes. C’est un édredon de plume qu’on crève, une chanson qu’on jette à la face d’un ennemi, un rayon de soleil qui perce à travers une prison qu’on abat.

 

Anne Sivan         
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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