Spectacle conçu et interprété Matthias de Koning, Damiaan De Schrijver et Peter Van den Eede.
Tout commence par un beau raffut avec trois énergumènes qui, dans l'espace exigu d'une configuration scénique bi-frontale, et en équilibre instable qui perdurera, posent des planches sur des casiers renversés, reconstituant un théâtre de tréteaux artisanal.
Suivi de la laborieuse construction de la partie supérieure de la cage de scène, les cintres, à l'aide de tuyaux de poêle et de vrais porte-manteaux métalliques qui donnent le ton d'une partition hors-normes.
Dans le prolongement de leur opus sur le métier d'acteur "Du serment de l’écrivain du roi et de Diderot" en relation avec "Le paradoxe du comédien" de Diderot, trois comédiens, un Néerlandais et deux Belges flamands, s'entendent comme larrons en foire pour composer cet "Atelier" ressortant au méta-théâtre qui invite le public à une approche réflexive sur le travail de l'acteur-créateur et ses mystères à partir d'un brainstorming apocalyptique dispensée sous forme d'une exubérante pantomime burlesque.
Au jeu, des agités du bocal, deux crânes d'oeuf, l'un avec lunettes (Matthias de Koning de la Compagnie Maatschappij Discordia), l'autre sans mais avec une barbichette (Peter Van den Eede de la Compagnie de Koe), et un demi-chauve à lunettes et à la physionomie d'un personnage de bambochade du peintre Jordaens (Damiaan De Schrijver du Collectf tg Stan), chacun dans un registre clownesque, respectivement l'impassible, le ténébreux, et le farceur.
Dans un chaos cependant totalement organisé même s'il laisse place à quelques impromptus, le trio réalise une performance "hénaurme" et loufoque, exubérante et poétique, folle et philosophique, qui frôle la démesure.
Et elle place le spectateur entre stupéfaction et hilarité devant cet "envers du décor" dans lequel, et entre autres, les moules-frites, ces dernières encore à l'état de patates, l'urinoir de Duchamp, le tea-time et la reconstitution sublime du tableau "La leçon d'anatomie" de Rembrandt avec l'élévation de Peter Van den Eede en écorché christique, scandent un impressionnant jeu de piste.
Et une fabuleuse chasse au trésor dont les fameux "trois coups" constituent le "cadeau", Saint Graal pour les officiants exténués et miracle pour le public enchanté. |