"La sagesse classique et ses conseils sur les dangers de la passion, source d'aveuglement pour la raison, son apologie des vertus, si antiques à la fois et si chrétiennes, de tempérance et de prudence : modération en tout, juste équilibre, art de composer un mélange bien dosé avec tous les éléments nécessaires" Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 214.
Le risque pour un musicien quand un disque a du succès est de vouloir surfer sur la réussite et d’oublier d’avancer musicalement, de vouloir en faire une simple copie. Dominique Dalcan est bien trop honnête et intelligent, lui qui a toujours montré détester le surplace, le copié-collé et préféré les pièces uniques pour tomber dans ce piège.
D’un autre côté, à la vue de sa superbe carrière, comment pourrait-on lui reprocher de vouloir capitaliser sur une reconnaissance enfin obtenue ? Une carrière sous deux pseudonymes Dominique Dalcan pour le côté pop, Snooze pour le côté électro. Le projet Temperance est une transversalité, une manière de synthétiser ses esthétiques, rassemblant quelque part les deux faces de Dalcan.
Pour le meilleur ou presque, en tout cas une véritable réussite musicale et publique (sa récompense aux Victoires de la musique qui lui permettra d’exister au moins pour le vulgum pecus). Une musique d’une grande qualité et sophistication, une réflexion philosophique sur lui-même et sur le monde qui nous entoure avec un vrai travail dans le traitement électronique : dans les sons, les atmosphères, les rythmiques, la matière synthétique.
Temperance #2 est dans la même veine, il en est le prolongement. Il y a cette impression d’apesanteur comme si sa musique était en suspension comme tenue à un fil invisible. Elle est d’une incroyable finesse, d’une incroyable délicatesse et d’une incroyable densité : il faut se perdre dans les moindres petits détails. Cette écriture avec ses espaces à plusieurs dimensions, ses silences, ses résonnances. Écouter, écouter, goûter cette musique à sa juste valeur, et non l’entendre. Il y a ce sens de la mélodie, cette force émotionnelle qui garde toujours sa part de fragilité. Définitivement, il y a Dominique Dalcan l’orfèvre et les autres...
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.