Monologue dramatique de Denis Lachaud interprété par Benoit Giros dans une mise en scène de Pierre Notte. Le narrateur, psychiatre, accueille le public et évoque le cas d'un de ses malades : Bruno Louvier, diagnostiqué schizophrène durant plus de dix années par un premier psychiatre avant qu'il ne récupère ce patient et ne s'aperçoive que ce n'était pas le cas. Le spectacle raconte le parcours de cet homme, à la recherche de ses souvenirs et de lui-même.
Dans ses maladresses et ses hésitations se révèle un être hanté par un terrible secret. Au fil des séances, avançant dans ses confidences avec hésitation et cherchant à comprendre les origines de son mal, Louvier va devoir se replonger dans une enfance dont son cerveau a effacé certains faits.
La direction habile de Pierre Notte, dans une simplicité d'effets (où, pour seule musique, un comptine d'enfant se fait entendre soudain, glaçante) permet à Benoît Giros, avec un jeu d'une parfaite sobriété, de se donner totalement au service de cette histoire douloureuse. La mise en scène transporte le public au plus près des sensations du comédien pour transmettre ce récit introspectif.
Benoît Giros, changeant d'ambiance en actionnant lui-même au pied les changements de lumière est impressionnant. Dans un malaise palpable, il délivre le texte très fort de Benoît Lachaud qui dénonce avec puissance les abus sexuels.
Un spectacle incandescent d'une grande tension à réserver à un public averti mais un témoignage accablant très efficacement réalisé. Parfois insoutenable jusqu'à la nausée, "La Magie lente" ne peut laisser insensible et marque le spectateur qui en sort hébété, montrant avec éloquence la force de la parole. |