Que penser d'un groupe qui tire son nom d'un jouet sexuel ? Deux options, soit il a des goûts douteux, soit les membres qui le composent sont de dangereux pervers… Ceux qui côtoient les disques du duo écossais (composé de Malcom Middleton et d'Aidan Moffat) depuis The weeek never really starts here le savent : le "narrateur" du groupe, Moffat est un garçon compliqué et délicieusement vicelard qui dissèque au scalpel les relations garçon/fille.
En moins d'une décennie, tout y est passé : les coups d'un soir bien glauques, les ex tripotées dans les toilettes d'un pub sordide alors que l'officielle est à trois mètres, les tromperies, les illusions perdues. Le tout en général copieusement arrosé de bière ou de n'importe quelle boisson alcoolisée.
The Last Romance marque donc un léger tournant dans l'histoire du groupe. Le titre est déjà résolument optimiste et il reflète l'état d'esprit de Moffat qui semble (enfin) avoir trouvé l'âme sœur… Musicalement, le disque s'en ressent.
Cependant attention, de là à parler d'un disque printanier (ce qu'on fait certains magazines anglais), il ne faut pas pousser. Si on veut filer la métaphore météorologique, on peut parler d'une légère éclaircie, mais de gros nuages menacent toujours au loin.
Ce sixième album montre que le groupe a énormément mûri, en quittant les eaux troubles d'une musique post-slint, poisseuse, souvent accompagnée de boites à rythmes rachitiques, pour s'aventurer vers des morceaux plus adultes, aux arrangements variés (cuivres, piano).
"Stink" démarre cet album au quart de tour : guitares altières, rythmique engagée. "If there's no hope for us" est dans cette lignée, avec une rythmique comme on en a rarement vu chez les écossais et un Moffat qui jette un regard clinique sur une énième histoire foirée. "Tu dis qu'on restera ami, mais on sait très bien que c'est faux"… "Chat In Amsterdam", "Winter 2003" est de loin le morceau le plus plombé de l'album, sans rythmique, avec un synthé asthmatique et le phrasé monotone et désabusé de Moffat "Si on s'amuse autant, pourquoi et ce que je pleure tous les lundis matins". Moffat a certes grandi mais les constats sont amers… Le morceau sera ponctué par une déflagration de larsens orchestrée par Middleton… Quand je vous disais que l'orage menaçait…
"Confessions Of A Big Brother" est magnifique morceau sur lequel on peut mesurer les efforts vocaux de Moffat, qui quitte son débit monocorde pour calquer sa voix sur le variations des arrangements du violoncelle. Le contenu légèrement pontifiant de la chanson fait doucement sourire : Moffat qui conseille à son petit frère de toujours se comporter comme un gentleman avec les filles… "Speed Date" renoue avec les morceaux du début du disque et leur rythme haletant, le tout porté par de luxuriants arrangements… "Dream sequence", le single du groupe est dominé par un riff imparable de Middleton et des arrangements de piano croisés plus fréquemment chez Coldplay…
Le disque s'éteint sur le résolument optimiste "There Is No Ending", à grands renforts de cuivres aussi légers et aériens que chez… les Boo Radleys. Une fois de plus Moffat se rend compte qu'il vieillit et constate : "Si tu peux m'aimer même si j'ai du bide, que mes dents pourrissent et que mes cheveux blanchissent, je ferai de même avec toi…"
Mince alors, finis les coups d'un soir, les gueules de bois culpabilisantes… Sur quoi Moffat va-t-il bien pouvoir écrire la prochaine fois ? |