On se souvient encore de ce jour de 1997 où l'on a découvert d'Arab Strap , ce groupe écossais composé d'Aidan Moffat et de Malcom Middleton, avec ce single improbable qui mêlait guitares post-rock et rythmes discoïdes.
Ce titre, c'était "The First Big Week End", sur lequel on découvrait le phrasé nonchalant et un brin désabusé du chanteur/narrateur Aidan Moffat. Ce type parlait sans langue de bois et avec beaucoup d'humour de ses lendemains de cuites, de ses engueulades avec ses copines, sans oublier les petites lâchetés qui nous ont tous forcément concerné un jour ou l'autre ( revoir une ex en douce, monter boire un dernier café chez elle…).
En dix ans le groupe a évolué d'un style lo-fi, dépouillé et très Slint-ien pour s'ouvrir à des territoires plus pop et moins arides…
Aujourd'hui le barbu Moffat est vêtu d'un duffel coat vert qu'il ne quittera pas de l'interview. Il revient sur ces dix dernières années et nous apporte son éclairage sur le dernier album du groupe, le résolument optimiste The Last Romance.
Depuis votre dernier disque, votre musique semble moins aride, plus luxuriante, voire un peu plus …pop. Qu'en penses-tu ?
Aidan Moffat : Ah bon, tu trouves ? En fait, je crois que tu as raison, mais je pense tout simplement qu'il s'agit d'un processus naturel. Quand on a commencé Arab Strap, on n'avait aucune idée de ce que l'on voulait faire. On bricolait des quatre pistes dans notre coin, on pensait que cela resterait confidentiel. Mais bon je pense que dans le groupe, tout le monde a avancé au niveau personnel, donc cela se ressent probablement dans l'évolution de notre musique.
Justement, tu as souvent écris sur ta vie personnelle, sur tes histoires d'amour. Ca ne t'a jamais gêné d'exposer tout cela au plus grand nombre ?
Aidan Moffat : Non, c'est important d'écrire sur soi, sur ce que l'on connaît. Et puis sur les premiers albums, on ne pensait pas qu'autant de gens allaient les écouter… Mais bon, je n'ai jamais été trop explicite au niveau des noms…
Pourtant, sur le Ep Girls Of Summer , il y avait des photos…
Aidan Moffat : C'était pour montrer que les personnes dont je parle dans mes chansons sont des filles de la vie de tous les jours, des filles normales, pas des mannequins… Attention, je ne dis pas que les filles qui étaient sur ces photos étaient des boudins…(rires)
Comment se passe la composition, puisque sur un de vos disques, il était précisé que Malcom se concentrait sur les parties musicales et que tu t'occupais de ce qui n'était pas musical… Tu t'y es mis ?
Aidan Moffat : En fait, Malcom m'envoie ses parties de guitares, et moi je construis les morceaux dessus, je pose ma voix. A un moment je jouais du clavier sur les tournées, mais on ne peut pas dire que j'étais très doué pour cela. Du coup on a fini par recruter un type qui était beaucoup plus apte à faire ce genre de chose… Je préfère me concentrer sur le chant…
Que penses-tu du dernier disque solo de ton compère Malcom Midddleton ?
Aidan Moffat : Je suis très heureux que Malcom ait fait ce disque… Ce disque est intéressant car Malcom propose quelque d'assez différent de ce qu'il fait au sein d'Arab Strap, c'est ce qui fait le charme de ce disque… Je pense que ce disque sonne plus propre et plus lisse qu'un disque d'Arab Strap.
Arab Strap fait partie de cette scène qui a émergé vers 97 à Glasgow avec Mogwai, Ganger, et un nuée de groupes qui faisaient partie de The Reindeer Section. Une nouvelle génération est arrivée, notamment avec le succès fulgurant de Franz Ferdinand. Que penses-tu de ce succès ?
Aidan Moffat : Je pense q'un groupe comme Franz Ferdinand ne peut que faire du bien à l'Ecosse. Leurs disques sont bons.
Vous aviez sorti Elephant Shoe sur une major. Ensuite vous êtes revenus sur Chemical Underground, le label de vos débuts. Pourquoi ?
Aidan Moffat : Le fameux label en question ne comprenait pas vraiment ce que nous voulions, quelles étaient nos intentions… Il fait dire qu'Elephant Shoe n'est pas vraiment le genre d'album facile à écouter.
Le nouvel album s'appelle The Last Romance, c'est un titre plutôt optimiste ou négatif ?
Aidan Moffat : Je dirais qu'il s'agit d'un disque résolument optimiste. Sur le disque précédent, je traversais une drôle de phase, j'étais assez paumé. Je sortais beaucoup, je faisais beaucoup la fête. Sur cet album, je parle de ma nouvelle copine, ce titre, c'est pour affirmer qu'il s'agit de ma dernière histoire d'amour, que j'ai, enfin je l'espère, trouvé l'amour de ma vie.
A force raconter des histoires dans tes chansons, ça ne te donne pas envie de te lancer dans l'écriture de nouvelles, de romans ou de scénarios ?
Aidan Moffat : Un jour, je pense que je me mettrai à écrire un livre que je sortirai par mes propres moyens. C'est quelque chose que j'ai envie d'essayer. En ce concerne le cinéma, j'ai voulu intégrer une école d'audiovisuel à l'époque, mais c'était difficile d'y rentrer. Il fallait des bonnes notes pour y rentrer et je m'étais fait virer de mon bahut… donc.
Au début, vous sembliez influencés par des groupes comme Slint ou encore ces groupes qui appartenaient au mouvement "Slow-core". Vous revendiquez ces influences ?
Aidan Moffat : C'est un point de départ évident mais quand nous avons commencé, nous sortions aussi beaucoup en boite. Donc lorsque nous répétions, nous rajoutions des rythmiques bizarres, des boites à rythmes discos. Ce qui nous intéressait, c'était de bricoler, d'essayer des choses qui semblaient incongrues.
Il y a cette image "Glad to be sad" (heureux d'être triste) qui te poursuit. Pourtant tu n'as pas l'air d'être un être sinistre et triste.
Aidan Moffat : Tu as tout à fait raison, c'est une sorte de mythe. Je ne suis pas un gars triste dans la vie de tous les jours. J'aime bien avoir cette petite nostalgie romantique sur mon passé, c'est tout.
Peut-on espérer un album entre Mogwai et Arab Strap un jour ?
Aidan Moffat : J'ai déjà chanté sur un de leur titre. Mais cela ne risque pas d'arriver. On a tourné avec eux et ça suffit. C'était un cauchemar, on buvait comme des trous, j'ai cru que j'allais mourir. Je me suis souvent levé avec des gueules de bois monumentales… (rires.)
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