Gardons
un peu de sérieux pour présenter cette compilation sur l’œuvre
de the Auteurs, un des tout meilleurs groupes anglais des années
90, rock classieux et anti-grunge. Au centre de ce groupe Luke Haines,
qu’on retrouve dans Black Box Recorder, qui signe ici
son treizième album. Ceci dit maintenant découvrons la chose.
Le disque s’appelle Das Capital sous titré
"The Songwriting Genius of Luke Haines and the Auteurs"…
Luke Haines a en effet un ego à peu près aussi surdimensionné
que son sens de l’autodérision peut paraître torturé.
Le disque en question revient sur toute sa discographie mais ne se contente
pas de cataloguer une série de titres à succès mais plutôt
de les réinterpréter avec un arrangement de nonet de chordes :
au total 11 titres et un medley de neuf autres.
Bon, donc en gros c’est une compilation donc pourquoi les réenregistrer?
Et bien justement parce qu’ainsi l’exercice va à rebrousse
poil de la pratique usuelle, une compilation c’est en effet avant tout
(sauf exception pour cause de références introuvables) un exercice
commercial pour ramener un groupe en devanture des bacs et doper ses ventes
en singeant la nouveauté ou la participation à l’activité
commerciale : tout ce qu’on peut trouver étranger à la de
la création musicale.
Ici Haines tourne en dérision le procédé (il avait déjà
sortit un disque intitulé Worst of BBR qui n’était
pas un best of mais un "véritable" album). Dans la même
logique de détournement à l’intérieur du livret interne
on peut trouver l’ensemble de la discographie chroniquée par Haines
lui même - les notes oscillent entre 4 et 5 étoiles - et ridiculise
là encore avec un certain succès l’exercice un peu faux
du "critique" musical.
Par ailleurs musicalement, puisque que c’est aussi accessoirement un
peu de cela qu’il est question, c’est sans intérêt
relativement aux disques de l’époque, les arrangements sont assez
lourds et indigestes et en tous cas inférieurs aux versions originales.
Enfin tout cela est tout de même amusant à écouter si on
connaît ces titres sur le bout des doigts. Les rares inédits sont
dans l’ensemble, on le note, plutôt médiocres.
En somme ce disque est une vaste blague à ne réserver qu’aux
fans absolus de Luke Haines et de son sens de l’humour furieusement décalé.
Par contre même si vous êtes allergique à cet humour potache
c’est, effectivement, une bonne occasion pour rappeler ses disques à
notre souvenir : notamment le chef d’œuvre New Wave (1993)
son premier album et le ténébreux After Murder Park (1996)
injustement assassiné par la critique, et puis le projet Baader
Meinhof (1996) concept album allumé ("This is an hate
socialist collectiv"), et aussi Now I’m a Cow Boy (1994)
son plus gros succès commercial ("Lenny Velentino")
et sans oublier son projet solo Oliver Twist Manifesto (2001)
au propos farouchement revival-situationniste et élitiste voire le dernier
véritable album de the Auteurs, How I learned to love the bootboys
(1999), teinté au vitriol hostalgique (hostile à la nostalgie).
Par contre on peut laisser de coté le remix The Auteurs vs µZiq
et la BO de Christie Malry’s Own Double Entry ainsi que
ce dernier disque, mais vous faites ce que vous voulez.
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