Mass Hysteria était concert le 1er mars dernier au B.B.C. à Hérouville-Saint-Clair (14) dans le cadre de leur tournée Maniac Tour. Un concert puissant et énergique, comme l’est leur dernier album, avec une setlist retraçant 25 ans de carrière.
Quelques minutes avant le concert, Froggy’s Delight a rencontré Mouss, le chanteur du groupe.
Vous êtes actuellement en tournée pour présenter votre dernier album Maniac. Quand et comment s’est fait l’enregistrement de cet album ?
Mouss : Cet album a été réalisé sur la fin de la tournée de l’album précédent Matière Noire, soit fin 2017-début 2018. On a mis très peu de temps, on voulait vraiment enchaîner avec un nouveau disque après la tournée.
Concernant l’enregistrement proprement dit, les musiques sont faites et après je pose les textes dessus. C’est un peu embêtant mais je n’arrive pas à composer si je n’ai pas la musique. Dès que je l’ai, je rentre dans une bulle de composition. Avant j’arrivais à faire quelques textes mais depuis deux albums, le groupe n’a pas une ligne, uniquement un thème qui reste en général un peu abstrait. Il faut que je noircisse des cahiers à partir de ce qui m’a traversé l’esprit et après je filtre. C’est un peu comme un surfeur qui prend plein de vagues avant de prendre la meilleure.
Il s’agit d’un album doté d’une formidable énergie. Le titre d’ouverture notamment est parfait pour ouvrir un concert. Est-ce que vous enregistrez vos disques dans la perspective de le jouer en live ?
Mouss : Totalement. Les titres sont composés pour le live. On y pense dès le début. Il faut toujours que la tête dandine un peu. Si ça ne bouge pas, c’est que le tempo n’est pas bon.
Vos textes sont toujours en Français. Cela ne vous intéresse pas de tenter l’anglais ?
Mouss : C’est un choix car c’est la langue que je maîtrise le mieux. En anglais, je chercherais moins à avoir du fond, je serais plus dans la forme. Je suis attaché à la tradition française de la chanson à texte et de raconter une histoire.
Vos textes sont plutôt positifs. On trouve quand même dans cet album un texte politique "Chaman Acide". Est-ce un souhait de faire des textes plus politiques ?
Mouss : Oui. C’est amusant que tu dises ça car c’est notre morceau le plus "engagé". On a pourtant tout fait pour éviter les textes engagés et privilégier ainsi un album introspectif. La réalité nous rattrape en fait dans la composition. Je pensais que mon ressenti avec le traumatisme sur les attentats était terminé avec le titre "L’enfer des dieux" (ndlr : titre de l’album précédent Matière noire sorti en 2015) mais le traumatisme revient. On ne veut pas faire d’album engagé car c’est trop convenu. On préfère en parler mais de façon détournée.
Quelle est la signification de la pochette qui illustre une femme d’origine birmane ou indonésienne avec les lèvres cousues ?
Mouss : C’est effectivement une femme de type eurasien ou asiatique avec les lèvres cousues. C’est un rappel de la gamine qui était sur la pochette de l’album Contraddiction qui a 20 ans. On a imaginé la petite qui avait grandi. On voulait mettre la femme au centre car finalement elle reste toujours bâillonnée. A titre d’illustration, il est totalement anormal qu’à poste identique, une femme ne gagne pas le même salaire qu’un homme. Pourtant, tout le monde est d’accord sur ce principe du travail égal-salarié égal.
Vous fêtez cette année vos 25 ans d’une carrière assez stable. Quel est le succès d’une telle longévité ?
Mouss : Oh non. On a eu des périodes de vache maigre en 2005-2010 avec notre album noir au titre éponyme. Le métal avait fait son temps à cette époque. On a quand même gardé le cap et les gens sont fidèles. Maintenant on est au top. Sur cette tournée, il y a de la jeunesse et on voit même des gosses.
Vous faites des tournées importantes. Que signifie la scène pour vous ?
Mouss : On sort de l’ordinaire. C’est enivrant. Un sentiment d’infini avec une osmose avec le public. Tu donnes ta vie pour en avoir encore plus. Il faut se rappeler constamment que c’est un privilège. Louis Jouvet disait pour le théâtre qu’il adorait "le bruit du public impatient". J’ai repris cette idée dans un texte : "on goûte au plus fort des stupéfiants le bruit du public impatient".
Vous jouez au prochain Hellfest sur une scène 100 % frenchie et a priori de nuit. J’imagine que ce concert sera un moment particulier dans votre tournée ?
Mouss : C’est un festival qu’on adore. Pour les passionnés de métal, c’est vraiment là où il faut être.
Concernant notre première fois au hellfest, on avait eu peur et on n'avait préparé une setlist qu’avec des morceaux énervés. C’était une bêtise car le public attend de l’authenticité. Finalement, ça s’est super bien passé. Le spectateur est bienveillant. Regarde Europe, ils avaient fait un carton avec "Final countdown". Et puis, si le public n’aime pas, il va voir une autre scène. Il a l’embarras du choix avec toutes les scènes. C’est vraiment un moment à vivre.
Pour notre concert lors de la prochaine édition, il sera spécial car effectivement on va jouer de nuit, probablement à 22 heures et sur une Mainstage en plus. On va donc présenter un show spécial pour le Hellfest avec des surprises visuelles mais je ne peux pas en dire plus. On y travaille.
On va effectivement jouer sur une scène dédiée uniquement au metal français. Pourtant, au départ, le metal français, ce n’était pas du tout la came de Ben Barbaud (ndlr : fondateur et organisateur du Hellfest) hormis les groupes français qui chantent en anglais puis il s’est ouvert avec Tagada Jones, Lofo, Dagoba, et nous. Maintenant il y en tout le temps et ça marche. Il est vraiment génial ce festival.
Mass Hysteria sera en tournée cette année avec un concert de clôture le 6 décembre 2019 au Zénith de Paris. Un gros challenge donc allez-y ! Vous retrouverez toutes les dates ici.
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