Spectacle immersif sur des scénarios de Clément Marchand, Alexis Pivot, Ariane Raynaud et Roman Carrère, mise en scène d'Ariane Reynaud, avec Anaïs Pinay, Emma Scherer, Eva Freitas, Anthony Fernandes, Alexis Pivot, Nathanaël Bez, Rosy Pollastro, Guillaume Tagnati, Karim Dinah-Camara, Clara Brajtman, Diane Renier, Roman Carrère, Bérangère Pivot, Clement Bourdeleau, Ariane Raynaud et Pamina de Hauteclocque.
Proposé dans un lieu "secret", qui n'est pas une scène théâtrale classique, "Close" constitue une création originale dans le registre du spectacle immersif.
Entre théâtre et jeu de rôles, "Close" est une formule originale fondé sur une certaine interactivité entre le public et les comédiens. Des fins alternatives sont possibles et font l'objet d'une discussion entre certains spectateurs qui choisissent celle qui leur convient.
"Close" se déroule au "Phénix", une ancienne maison close devenue cabaret. Les pensionnaires, libérées de leurs entraves et de leur "protecteur", prétendent ne pas poursuivre leur précédente industrie. Elles se donnent enfin par amour et ont transformé le "Phénix" en lieu d'accueil pour les réprouvés de tout acabit, notamment les homosexuels et les antimilitaristes déserteurs. Car l'action se passe pendant la Guerre de 1914-1918.
Les spectateurs sont censés assistés au mariage de Blanche Follet et Vadim Le Lapon. Il ne faut pas en dire plus : c'est de la bouche des personnages eux-mêmes qu'on en saura davantage, par bribes, en interrogeant chacun là où il vit.
Car l'originalité du théâtre immersif est de ne pas se dérouler en un lieu unique. S'il y a une pièce centrale qui fait office de cabaret, et où l'on aura le droit à quelques chansons grivoises (mais de bon ton) entrecoupées de "Marseillaise" enfiévrées, il faudra déambuler dans une dizaine de pièces pour se fabriquer son histoire et construire sa propre vérité sur les uns et les autres.
C'est là qu'il faut souligner le beau travail, le travail d'orfèvre opéré par par la scénographe Doriane Fréreau : chacun des endroits où l'on sera confronté à un acteur en particulier est reconstitué avec beaucoup de soin et force détails. On n'est pas dans une brocante des années 1910.
A l'instar des costumes très raffinés, tous dessinés sans fautes de goût par Juliette de Romémont, tous les coins et recoins de cet immense plateau sont surprenants et accueillants. On y trouvera même de quoi boire dans un "Paradis" où quelques films coquins, qu'on devait voir dans les maisons closes du temps, déploient en boucles des corps gentiment dénudés.
On soulignera aussi la qualité de la distribution : si l'on participe activement à l'expérience, en posant des questions aux acteurs, on constatera qu'ils ont un vrai sens de la répartie. Gare aux ricaneurs, ils seront vite repris er remis dans les bons rails... Peut-être, faudrait-il accepter un peu moins de convives par mariage pour que l'on puisse profiter un peu plus aisément du dispositif. Mais c'est sans doute là la rançon du succès.
On pourra aussi discuter de la profondeur de l'intrigue, signaler quelques anachronismes ("La vie en rose" créée par Piaf en 1945... chantée dans ce cabaret de la première guerre), mais l'on ne pourra nier qu'on passe une belle soirée sous son masque, un masque qui n'a rien à voir avec le masque à gaz des poilus. Et si l'on essuiera quelques alertes aériennes, on saura aussi s'amuser des gaillardises chantées et se passionner aux aventures des uns et des autres.
Si les puristes du théâtre n'y trouveront peut-être pas leur compte, ce genre nouveau, qui en est encore à ses prémisses, devrait croître et embellir, surtout s'il suit les traces sophistiquées de "Close".
Un Bravo unanime à toute la troupe qui, sous la houlette de Ariane Raynaud, s'implique totalement dans cette expérience réussie : Anaïs Pinay, Emma Scherer, Eva Freitas, Anthony Fernandes, Alexis Pivot, Nathanaël Bez, Rosy Pollastro, Guillaume Tagnati, Karim Dinah-Camara, Clara Brajtman, Diane Renier, Roman Carrère, Bérangère Pivot, Clement Bourdeleau, Ariane Raynaud et Pamina de Hauteclocque. |