Levez la main ceux qui ne gardent pas en tête les souvenirs des années 90' qui font partie aujourd’hui de l’imagerie collective d’un groupe et de son chanteur : la voix rauque et nasale, la posture iconique, les mains derrières le dos et la bouche collée au microphone, le tambourin, le concert mythique de Knebworth en 1996, les parkas cultes de Stone Island, les bagarres avec le frère et éternel ennemi Noel et les provocations.
Rien n’a changé pour ce mauvais élève de la Britpop qui sort son dernier album un jour avant son 47ème anniversaire, deux ans après As You Were, sinon le fait qu’il a compris que son nom aujourd’hui suffit à lui-même, sans le support de Oasis.
Avec l’aide des producteurs Andrew Wyatt et Greg Kurstin, qui avaient déjà pris part à As You Were, Liam laisse libre cours à son obsession beatlesienne, en particulier à sa dévotion pour John Lennon (Liam a aussi appelé son fils Lennon), toujours présente, à partir du titre de l’album, inspiré par les titres de deux dessins de Lennon, achetés par Gallagher lors d’une expo à Munich.
Les 11 pistes, ouvertes par les deux singles, "Shockwave" et "The River", marquent le retour de Liam, exactement comme on l’attendait, sans surprise et sans étonnement.
On y retrouve des ballades comme "Once", avec des beaux arrangements de violons, qui selon lui est un des meilleurs morceaux qu’il n'ait jamais écrit, la très glam "Halo" avec un intro de piano qui cligne l’œil à "Don’t stop me now" de Queen et à "Let’s Spend The Night Together" des Rolling Stones et la romantique "I’ve just found you" dédiée à sa fille Molly, retrouvée pour la première fois après 20 ans : "Now that I've found you / I won't let go / Let my love surround you / Now that I've found you / I can lay down with my ghost".
Mais si Oasis peut écrire le mot fin à son histoire (est-ce qu’on croit vraiment qu’ils ne reviendront plus jamais sur scène ensemble ?), les provocations entre les deux frères ne manquent pas, comme témoigne "One of us" ("Act like you don't remember / You said we'd live forever") où Liam semble attaquer son frère pour leur séparation.
"Alright" et "Meadow" sont deux parfaits hymnes lennoniens, plus pop la première et plus psychédélique la deuxième, qui montrent, encore une fois, l’amour de Liam pour les années 60 et pour toute une certaine production qui va des Beatles – of course ! – aux Kinks, de Simon and Garfunkel jusqu’à Paul Weller. Le son est parfaitement inscrit dans un registre pop avec des touches de glam et une vague attitude de rock psychédélique des années 70.
Mis de côté Beady Eye, et bien sûr, Oasis, Liam nous livre un joli album qu’il aurait pu écrire il y a 20 ans. Un hommage aux nostalgiques de la Britpop, des années 90 et de la Manchester calling qui révèle la capacité de Liam à alimenter sa légende – et son égo – bien sûr. Et aujourd’hui, dans l’époque de l’éphémère, on a un besoin fou des légendes et des souvenirs.