C’est devenu un secret de polichinelle depuis bien longtemps, Robert Goddard fait partie du groupe très fermé des grands auteurs de polar anglais. Ancien journaliste et enseignant, il se consacre désormais à l’écriture tranquillement chez lui, à Truro dans les Cornouailles. Son œuvre vient d’être redécouverte aux Etats-Unis où elle connaît un succès sans précédent.
Ayant déjà lu et chroniqué son précédent ouvrage, La Croisière Charnwood, c’est donc en terrain déjà (un peu) conquis que je me suis lancé dans L’héritage Davenall il y a quelques semaines, un bon gros polar plein de surprises.
L’histoire se passe en 1882 à St John’s Wood. Un homme se présente aux portes de la maison de Constance Trenchard, celle-ci ne se doute pas que sa vie va être bouleversée. L’homme prétend en effet être Sir James Davenall, son ancien fiancé, disparu une semaine avant leur mariage et que tout le monde croit mort depuis dix ans.
Si Constance le reconnaît, toute la famille Davenall, en particulier sa mère et son frère, Hugo, héritier du prestigieux domaine de Cleave Court, prétend qu’il s’agit d’un imposteur. C’est alors le début d’un incroyable puzzle, sur fond d’aristocratie victorienne et de secrets de famille qui, après de multiples rebondissements, connaîtra une conclusion tout à fait inattendue.
Une fois encore, Robert Goddard nous témoigne de son appétence pour nous proposer des histoires qui tournent autour de la bourgeoisie anglaise. Une fois encore aussi, Robert Goddard nous propose un ouvrage dense, un pavé diraient d’autres, avec de nouveau de multiples descriptions qui peuvent s’avérer utiles pour certains et lourdes pour d’autres. Connaissant l’auteur depuis quelques ouvrages, ces quelques longueurs d’écriture, que l’on ne peut pas nier, ne me gênent plus / pas car je sais que ce dernier au final nous offre toujours des ouvrages où l’intrigue est prenante, jusqu’au bout du livre.
Ici, il s’agit donc de traquer la vérité, de savoir qui est véritablement cet homme qui prétend être James. Une vérité pas si simple à dénouer car de nombreuses questions se posent autour de sa disparition, sa réapparition et ce qu’il aurait fait durant tout le temps de sa disparition. Evidemment, dans ces grandes familles bourgeoises, les secrets sont légion, les non-dits aussi, autour de la famille et de l’argent notamment. Et puis il y a aussi tout ce qui touche aux sentiments aussi, amoureux et / ou amicaux qui jouent un rôle dans l’intrigue de l’histoire. Bref, on se retrouve alors autour d’une famille bourgeoise complexe qui détient les clés de la vérité que l’on ne connaîtra qu’à l’extrême fin du livre. Et c’est une fois de plus ce qui fait la force de l’ouvrage (et donc de son auteur) que d’arriver à nous déployer plus de 700 pages en nous tenant en haleine autour de cette intrigue assez classique (un homme qui disparaît puis réapparaît des années plus tard n’est pas au départ d’une grande originalité).
Alors voilà, avec cet ouvrage, Robert Goddard nous a refait du Robert Goddard, à savoir un livre dense, à l’intrigue maîtrisée, autour de personnages complexes parfaitement travaillés, dans lequel on ne s’ennuie pas, le tout dans une ambiance bourgeoise anglaise du 19ème siècle.
Une fois encore, son pari est réussi. J’ai pris plaisir à retrouver cet auteur qu’au final je fréquente maintenant une fois par an avec, à chaque fois, de nouvelles intrigues. L’héritage Davenall prolonge donc l’oeuvre grandissante de cet auteur brillant à qui je donne déjà rendez-vous pour l’an prochain, toujours chez sonatine. En attendant, son ouvrage précédent, La Croisière Charnwood, sortira en novembre, en version poche. |