Yann Queffélec
(Editions Calmann-Lévy) septembre 2019
"On va m'opérer, c'est grave, viens me voir."
C'est par ce texto que le petit frère attire le grand à l'hôpital, chambre 49, un soir de neige. Des retrouvailles ? Un piège ? Ils ne se voient plus depuis des années. Le petit a une bonne raison d'en vouloir au grand - mais aucune allusion. Ils parlent de tout et de rien, du passé familial, des non-dits, du deuil de leur mère quand ils étaient enfants.
L'opération ? Tout va bien, fausse alerte. Une étrange infirmière va et vient. Pour le grand frère, il est temps d'y aller - un dîner l'attend - car le petit frère commence à poser des questions précises, à muscler leur dialogue, exigeant la vérité sur la dernière fois où ils se sont vus.
C'est alors que la nuit fait son entrée, que la neige prend son sens, et que la visite de courtoisie ne sait plus où elle va.
C’est dans une chambre d’hôpital, un soir de neige, que commence le récit. Yann Queffélec vient rendre visite à son jeune frère Tanguy qu’il n’a pas vu depuis des années. Les deux frères se mettent à bavarder : de leur vie, de leurs souvenirs, d’un passé familial toujours aussi lourd de non-dits. Et cela dure toute la nuit.
Un an après avoir lu son dernier ouvrage Naissance d'un Goncourt, je redécouvre Yann Queffélec avec plaisir. Autour d'un ouvrage parlant de sa relation avec son frère, Demain est une autre nuit est un livre dans lequel une chambre d’hôpital devient un confessionnal. L'écriture reste drôle et bouleversante, c'est une des grands qualités de l'auteur et l'histoire de ces deux frères séparés depuis longtemps s'avère particulièrement touchante. Autour de leurs souvenirs, de l'absence de la mère et de leur enfance, ces deux-là renouent un dialogue que le lecteur prend plaisir à suivre.
Ce livre est un récit passionné sur la fraternité, la place de chacun au sein de la famille, mais aussi un dialogue corrosif entre deux frères qui se disent la vérité.
"La famille, oui, c’est bien, rassurant, ça fait bloc, c’est un cadre rituel où l’on grandit vers l’âge d’homme. La famille c’est nuisible, souvent, étouffant, injuste, sournois, c’est le règne animal du chacun-pour-soi : on peut y laisser sa raison, sa peau. " nous résume l'auteur.
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