Spectacle du Collectif Gremaud/Gurtner/Bovay interprété par Tiphanie Bovay-Klameth, François Gremaud et Michele Gurtner.
Le théâtre helvétique s'exporte avec succès en ne cessant de surprendre et d'enthousiasmer avec, pour la Suisse romande, les vaudois du Collectif Gremaud/Gurtner/Bovay.
Celui-ci opère de manière dédiée dans le genre du théâtre-performance, le registre du burlesque sur le thème de l'amateurisme artistique dans le microcosme occasionnel duquel s'instaure, de surcroît, une structuration sociale, la dramaturgie du corps et l'art du ratage.
Avec "Pièce", il invite à un opus de méta-théâtre qui invite à une immersion dans les coulisses de la répétition-création, sous la direction d'un metteur en scène "arlésienne" dont, au demeurant les directives ne sont audibles que par ses interprètes, qui envisage - pas moins - de monter les tragédies grecques "Antigone" et "Médée" à la manière du théâtre d'avant-garde des années 70, la contextualisation seventies étant corroborée par le costume des officiants, des amateurs déjà investis de l'ego de l'acteur et incultes qui ne comprennent rien ni au texte.
Dans une salle de répétition "white cube", avec une gestuelle ébouriffante appuyée par un dispositif sonore qui associe au pas de chacun un son percussif différent, et conduit à une pseudo-comédie-ballet, et notamment à une jubilatoire suite indienne endiablée accompagnée de bribes de réplique ânnonées tels des mantras, Tiphanie Bovay-Klameth, Michele Gurtner et François Gremaud dispensent une inénarrable parodie du "mauvais théâtre" qui, au demeurant, n'est pas l'apanage de l'amateurisme. Ils (dé)livrent un exercice clownesque virtuose et leur approche de la nature humaine dans ce qu'elle a de ridicule, pathétique et attendrissante porte au rire, ce rire roboratif tel celui suscité par "Le Bourgeois gentilhomme" de Molière quand Monsieur Jourdain se pique de culture savante.
Le public ne s'y trompe pas avec une ovation justifiée et méritée.
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