Norvège, c’est l’été. Les corps se dévoilent et Jens aime Niklas. Mais Niklas aime Gunn. Jens est dégoûté. Dépité. Triste. Incompris. Mal dans sa peau. Qu’y a-t-il de pire que l’amour qui n’est pas réciproque ? Il a besoin d’air. "Torstein, lui, est parti en Asie pour se trouver. Je pense que ça l’a un peu aidé. Et moi, je fais quoi ? Je vais à Finnsnes ! Je me tape 160 kilomètres."
Edor aime Beate. Ils se connaissent par cœur. Depuis qu’ils ont 6 ans. Mais Beate semble vouloir autre chose. Edor aussi. "Être allongé sur un ponton flottant avec Beate, c’est être dans des limbes sans fin. Dîner chez nous avec ses parents, à parler pluie et beau temps, études et avenir, c’est comme être enfoncé jusqu’au cou dans les sables mouvants tandis que quelqu’un te coud les paupières avec du fil barbelé."
Edor rencontre Jens. Jens rencontre Edor. L’alternance des chapitres montre tantôt le point de vue de l’un puis de l’autre. Une alchimie se tisse entre les deux. "Jamais je ne pourrais remanger quoi que ce soit. Je ne pourrai jamais plus embrasser quelqu’un sans penser à Jens. J’ai l’impression de revenir d’une super méga fête en ayant oublié ce qui s’est passé."
Des traits francs, une coloration minimaliste, un découpage scénique rythmé. Dès la première planche, nous sommes plongés dans les émois adolescents, le mal-être, les parents inquiets (et un peu collants), les tontons épanouis, les amours déçus, les fous rires et les virées en moto, et ce palpitant qui bat tout le temps, jusqu’au creux du ventre, dans les larmes et sur la peau.
Oui, ils sont homosexuels, mais on parle de quoi bordel ? D’adolescence et d’amour non ? Alors on se fiche un peu de leurs préférences, ce n’est pas le débat. Anneli Furmark et Monika Steinholm dépeignent avec pudeur les tourments de cet âge entre deux âges, de ce passage obligé entre enfance et adulte, de ces oppositions nécessaires pour se construire un monde à soi. Une identité. |