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puce Una costilla sobre la mesa - Padre/Madre
Théâtre de la Colline  (Paris)  janvier 2020

"Padre"
Spectacle conçu, écrit, scénographié et mis en scène par Angélica Liddell, avec Beatriz Alvarez, Katia Blevin Miryam Diego, Raquel Fernandez, Isaure de Galbert Laura Jabois, Elzbieta Koslacz Oliver Lax, Angélica Liddell, Blanca Martinez et Camilo Silva.

"Madre"
Spectacle conçu, écrit, scénographié et mis en scène par Angélica Liddell,avec Angélica Liddell, Gumersindo Puche, Niño de Elche et Ichiro Sugae.

Depuis 2014 avec "You are my destiny" en indiquant que le "le temps du sacré est venu", la comédienne et dramaturge espagnole Angelica Liddell prône le pardon des offenses qu'elle exerce par son appropriation de la prérogative déique et la pratique du concept théologique chrétien de la Rédemption.

Une nouvelle déclinaison a été générée par la mort successive de son père et de sa mère auxquels elle vouait une haine autodestructrice et pour laquelle elle a consigné son processus de deuil par écrit sous le titre "Una costella sobre la mesa" qui a généré un diptyque théâtral éponyme dont, également au "je/jeu", elle assure la conception, la scénographie et la mise en scène.

Un processus qui s'avère d'autant plus singulier qu'il aboutit certes à absoudre des parents "mal aimants" mais surtout à l'autoculpabilisation de la fille qui n'a pas su aimer de tels parents dans ce qu'elle indique être, outre un requiem, "une déflagration de la culpabilité et un besoin d’expiation à travers la beauté".

Angélica Liddell n'a jamais fait mystère de sa singularité dramaturgique et de sa conception de l'acte théâtral comme une catharsis personnelle, tendant à la transcendance en oeuvre d'art, qui se décline en usant d'un mysticisme, customisé jusqu'à l'iconoclastie, assorti de résonances et de rituels souvent abscons pour le spectateur et, en tout état de cause, peu propices à la mimésis même lorsque, tel en l'occurrence, sont abordées les thématiques universelles de la vieillesse, de la mort, de la réconciliation et de la résilience.

Donc ses dernières partitions en date se déploient à la lumière de c(s)es fondamentaux, de sa perpétuelle quête d'expiation et d'épiphanie et de son registre du théâtre de la cruauté et de la douleur qui repose sur la radicalité de la performance corporelle.

Pour le volet "Padre" qui se déroule pour l'essentiel dans l'espace blanc clinique qui constitue l'environnement du patient grabataire, incontinent et sénile en fin de vie, elle convoque des références philosophiques inéluctablement clivantes, non seulement en terme de références culturelles, avec l'essai de Gilles Deleuze sur le masochisme et les cours sur l'esthétique de Georg Wilhelm Friedrich Hegel.

Sous l'égide de la triangulation freudienne père-mère-enfant en miroir au dogme de la Trinité chrétienne ("A ma droite mon père mort, à ma gauche ma mère morte. L’amour tout en haut, sphérique et doré") et "au nom du Père", avec une mère-madone démultipliée en six jeunes femmes opulentes entre Vénus paléolithiques et femmes boteriennes plus souvent nues que vêtues aux couleurs mariales et la prière du "Notre Père", Angelica Liddell se confronte au père en renversant la Loi du Père au profit de la volonté du fils/fille qui lui impose la soumission en le représentant aux trois âges de sa vie, enfant, adulte (Oliver Lax) acceptant le contrat masochiste de Leopold von Sacher-Masoch et vieillard cacochyme (Camilo Silva).

Une confrontation violente, et sexualisée, aux inserts souvent sinon hermétiques du moins cryptées, qui prend une tournure différente dans "Madre".

Si l'opus comporte la même débauche imprécatoire contre la génitrice, la défunte, femme cruelle haïe devenue "mère sainte", n'est pas "incarnée" sur scène notamment dans son agonie qui fut similaire à celle du père, un père encore vivant. Elle ne sera matériellement présente que par les apparitions d'une innocente et inoffensive fillette et, surtout, un portrait photographique en son bel âge qui assistera à la cérémonie d'expiation de la fille indigne, celle qui n'a pas satisfait au devoir d'amour filial et qui demeurera à jamais une fille faute d'avoir enfanté..

Par ailleurs, il aborde la figure maternelle que dans son état de cadavre avec l'élaboration d'une partition placée sous le signe du le tropisme ibérique du dramatisme et du dolorisme inhérent au baroquisme, style de prédilection d'Angélica Liddell.

Elle consiste en un rite funéraire avec silhouettes ensevelies sous des tissus imprimés évoquant tant un linceul que la tenue des pleureuses et une abréaction de mortification purgatoire avec le simulacre de crucifixion emprunté aux processions des pénitents intervenant lors de la commémoration de la Passion christique du catholique triduum pascal qui perdure notamment dans l'Estramadure dont est originaire la mère d'Angélica Liddell.

Sur fond de chant liturgique et du fameux "Canon" de Pachelbel interminablement étiré, accompagné des vocalises et vagissements du chanteur de flamenco Niño de Elch et d'une grotesque danse de la mort interprétée par Ichiro Sugae, se combinent traditions ésotériques, coutumes folkloriques et avatars dogmatiques placés sous le symbole de l'oeuf comme symbole de perfection, de naissance et de fécondité, une citation de William Faulkner et de la parabole des démons et des pourceaux de l'Evangile selon Luc un dont le dernier verset est repris en épilogue.

Et ce, en une suite d'édifiants tableaux appréciés, selon les sensibilités, comme un indigeste fratras ou une sublime envolée mystique.

 

MM         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
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