Partition écrite par Kevin Keiss et Elise Vigier, mise en scène de Elise Vigier interprétée par Marcial Di Fonzo Bo et Jean-Christophe Folly. Les comédiens, dramaturges et metteurs en scène Elise Vigier et Kevin Keiss se sont plongés dans l'Amérique profonde et l'oeuvre de l'écrivain et dramaturge américain James Baldwin avec la transposition scénique sous le titre "Harlem Quartet" de son roman "Just above my head".
Dans le cadre de la série "Les Portraits" de la Comédie de Caen dédiée aux figures majeures contemporaines, ils reprennent conjointement la plume autour de cette figure emblématique du Mouvement des Droits Civiques pour la confronter à celle de son contemporain et ami le célébrissime photographe Richard Avedon à partir d'un conséquent travail documentaire et l'ouvrage "Nothing Personal" co-signé par ces deux personnalités.
Deux personnalités en miroir, un afro-américain militant et homosexuel issu du Harlem pauvre et un juif américain hétérosexuel né dans une famille aisée photographe de mode et portraitiste des stars et de la gentry society avant de s'engager dans la photographie documentaire, qui livrent en 1964 en pleine période de la contre-culture, un instantané polémique de l'Amérique impérialiste en contradiction avec sa posture de patrie de la liberté alors même qu'elle pratiquait le génocide des natives, l'esclavage et la ségrégation raciale.
Kevin Keiss et Elise Vigier ont composé une passionnante partition en forme inédite de portraits croisés et combinés à la façon des cadavres exquis mêlant les temporalités, la réalité et la fiction, l'intime et l'historique, au demeurant intitulée "Baldwin/Avedon : Entretiens imaginaires", dispensée par deux protagonistes officiant en tenue de gala sur le mode de l'impromptu s'affranchissant de la chronologie et intégrant méta-théâtre avec les dérives autobiographiques des officiants et des inserts interactifs avec le public.
Ce qui s'avère presque ludique pour évoquer des thématiques socio-politiques graves comme des sujets autocentrés tel la construction de soi en tant qu'homme et artiste dans un milieu hostile ou réfractaire.
A la mise en scène, avec une scénographie légère de studio-photo et quelques projections vidéo, photos et images d'archives, Elise Vigier dirige sans forcer des comédiens qu'elle connaît bien, et qui se connaissent bien.
Et Marcial Di Fonzo Bo et Jean-Christophe Folly disposent d'une aisance de jeu et d'un humour leur permettant de dispenser de manière aussi émérite qu'enthousiasmante ce double je(jeu). |