Rencontre avec Da Silva, jeune auteur-comosisteur-interprète qui vient de sortir son premier album Décembre en été.
Manu Da Silva, tu as sorti ton album Décembre en été, il y a quelques semaines. Peux-tu nous parler de la naissance de ce disque. Tu n'en es pas à ta première expérience musicale me semble-t-il ?
Da Silva : Moi, j'ai commencé la musique à l'âge de 12 ans. Je viens d'une famille de parents d'immigrés qui habitait dans une petite une banlieue de province. Il y avait un centre social en bas de chez moi avec des mecs qui jouaient du punk rock comme les Ramones et tout ça… Moi, j'adorais leurs pompes, leurs blousons et leur musique alors je me suis acheté une guitare électrique et j'ai commencé à faire du punk. Les années ont passé, je te parle de ça, il y a quinze ans. Mais, j'ai toujours composé à la guitare folk. J'ai composé des chansons à la guitare folk et au moment de prendre une guitare électrique, de mettre une batterie et tout, je me suis dit "Mais attends, c'est très jolie comme ça. Ben, je garde tout". Voilà.
Ça vient aussi de l'écriture en français. Tu écrivais avant en anglais et en espagnol ?
Da Silva : En anglais, en espagnol, en français, les trois. En fait dans une même chanson, je mélangeais.
J'ai lu que tu souhaitais faire quelque chose d'assez brute pour Décembre en été.
Da Silva : Ouais, c'est vrai. J'ai voulu que ce soit dépouillé, incisif et qu'il y ait une matière assez brute comme du granit. Je ne souhaitais pas lécher une production, ça ne m'intéressait pas. C'est une forme d'extrémité aussi, et on peut aussi avoir de la tension sur une guitare acoustique. Si le morceau est bon, il sonne sur toutes les guitares.
Comment s'est déroulé l'enregistrement de l'album ?
Da Silva : Je l'ai enregistré chez moi. Ce que j'ai voulu garder, c'et l'intention plus que la technique. Ce que j'ai voulu garder, c'est ce petit moment de magie qui se passe au début quand tu crées le morceau. Donc, j'ai tout enregistré chez moi. Après, on est passé en studio avec Dominique Ledudal. Là, on a enregistré des mandolines avec Pierre Sangra, du piano avec Albin de la Simone, à qui j'ai proposé des titres et qui sont venus joués dessus et puis le duo avec Françoiz Breut. Et on a refilé le bébé à Renaud Létang, le mixeur de Manu Chao, Souchon, qui lui, dans tout ce bordel de pistes, a su faire en sorte que ça sonne.
Pourrais-tu nous parler de ton duo avec Françoiz Breut sur le titre "Décembre en été" ?
Da Silva : En fait quand j'ai écrit "Décembre en été", c'est après avoir lu un livre de Besson qui s'appelait Les jours fragiles. Ce livre racontait les derniers jours d'Arthur Rimbaud, de son dernier voyage lorsqu'il allait rejoindre l'Afrique, il va décéder à Marseille… Il était avec sa sœur dans le train. Et donc j'ai besoin d'une voix féminine, une résonance quoi. Je marque trois noms sur une liste - je ne te donnerai pas les deux autres - et je vais voir Vincent Frèrebeau, le patron du label Tôt ou Tard. Je lui dis "Voilà avec qui je veux chanter "Décembre en été" " Il me dit, "La première que tu as marquée, elle va être signée sur le label très bientôt, son album est enregistré, je la signe en licence". Du coup, ça s'est fait naturellement et après l'avoir rencontrée c'était génial, donc roule…
Ta rencontre avec le label Tôt ou Tard s'est faite comment ? On en parle souvent comme un label très familial, privilégiant avant tout l'artiste..
Da Silva : Ben disons, que moi, c'est le seul qui me parlait musique et qui ne parlait pas que argent. Donc pour un artiste c'est important. J'avais d'autres propositions mais celle-là était la plus aboutie artistiquement. Et puis j'ai trouvé autre chose qu'une maison de disque, j'ai trouvé une équipe super soudée qui est à l'écoute des artistes, donc j'ai dit bingo.
On t'a découvert sur le double album du label Tôt ou Tard, Plus tôt plus tard, avec une magnifique reprise de "l'Espace" de Mathieu Boogaerts, en duo avec Bastien Lallement.
Da Silva : C'était une chouette collaboration. "L'Espace", je trouve que c'est un morceau énorme de Mathieu Boogaerts. Moi, je ne suis pas trop à faire des bœufs avec des gens, tout ça. Mais là, ça s'imposait. J'ai dit OK, on y va.
Un grand merci à Manu Da Silva
Merci également à Marianne de Tôt ou Tard pour l'organisation de la rencontre.
Interview réalisée pour Radio Evasion , radio de l'Aulne Maritime
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