Monologue dramatique écrit et mis en scène par Yasmina Reza interprété par André Marcon.
Une vieille femme au physique hommasse vêtue comme une ménagère apprêtée des années 50 et assise, quoi que sur une méridienne, évoque "La Femme assise" apparue en 1964 sous le crayon du dessinateur et dramaturge Copi sur une page du magazine le Nouvel Observateur. Une vieille femme au physique hommasse vêtue comme une ménagère apprêtée des années 50 et assise, quoi que sur une méridienne, évoque "La Femme assise" apparue en 1964 sous le crayon du dessinateur et dramaturge Copi sur une page du magazine le Nouvel Observateur.
La similitude ne s'avère pas saugrenue d'autant que le personnage protagoniste du monologue intitulé "Anne-Marie la beauté" écrit par la romancière et auteure dramatique Yasmina Reza porte sur le monde et, notamment, sur sa vie un regard presque philosophique, innervé d'humour décapant et d'autodérision.
Anne-Marie la beauté, Anne-Marie Mille pour l'état civil, prend la parole en s'adressant à un(e) journaliste invisible qui a entrepris de recueillir ses propos sur la carrière d'une amie récemment défunte, comme elle comédienne de théâtre, avec laquelle elle a débuté mais qui a acquis une certaine notoriété alors qu'elle est demeurée dans la catégorie des appelés non élus.
Et la dame va dériver en confidences tant autobiographiques que sur le monde des théâtreux délivrées sous forme de vignettes sans chronologie linéaire mais suscitées par l'esprit d'escalier et un regard .
La scénographie "boîte à chaussure" polysémique de Emmanuel Clolus - trois murs gris, parfois a peine animés de la projection de silhouettes toutes aussi grises, celles réalisées par le peintre Orjan Wikstrom, encadrant le plateau presque vide, évoque tant un espace mental, une chambre austère qu'une cellule de réclusion.
Et surtout elle signifie la pétrification de la solitude et de l'attente de la mort que la dame tente, sinon de déjouer, du moins de retarder en livrant ses réflexions illustrées sur le pathétique et le dérisoire d'une vie que seul le théâtre a pu rendre supportables.
Au jeu, pour cette partition écrite sur mesure par Yasmina Reza qu'elle met en scène, et dont il est un des compagnons de route théâtrale, André Marcon campe parfaitement cette femme à la fois tendre et féroce qui joue son meilleur rôle, le sien, dans une composition totalement maîtrisée.
Du grand art du comédien. |